Une stratégie adaptée au profil de risque
« En matière de placement, il faut toujours se poser la question de l’horizon d’investissement en jeu, rappelle Joël-Alexis Bialkiewicz. Un entrepreneur qui souhaite lancer son activité ou bien une entreprise qui vise une nouvelle acquisition auront par exemple besoin de cash rapidement. » Pour Isabelle Enos, « ce sont les actions qui recèlent le potentiel de gain le plus important mais comme dans tout investissement, il est impossible de prévoir un timing précis, encore moins avec des attentes de court terme. »
Ainsi, la première chose à faire selon Joël- Alexis Bialkiewicz est de formuler une première intention et d’envisager des scénarios si le client change d’avis en cours de route. « Il y a beaucoup de chemins possibles et le rôle du banquier est d’analyser le profil de risque de son client pour l’aiguiller et surtout, évaluer le coût d’une sortie de stratégie si cela s’avère nécessaire », assure-t-il.
Il faut donc à tout prix « ne pas sous-estimer les risques, même les plus faibles » et surtout, savoir renoncer à des placements si leur état se détériore. « Toute stratégie doit tenir compte du contexte et des degrés de risque possibles, résume- t-il. La priorité reste la préservation de la valeur du patrimoine grâce à l’anticipation des changements de circonstances. »
Puisque la volatilité reste de mise sur les marchés financiers, tous les analystes et experts en investissement soulignent l’importance de la diversification du patrimoine. « Cette stratégie a été gage de résilience en 2022 et restera incontournable en 2023, indique Isabelle Enos. Nous recommandons également de mettre en place une allocation financière progressivement et de rester investi sur la durée. En effet, adapter ses investissements à l’évolution du contexte financier tout en restant investi est le meilleur gage à la fois de gestion du risque mais également de valorisation d’un capital sur le long terme. »
« Il ne faut acheter que ce qu’on comprend et ne jamais investir plus de 5 % de son patrimoine sur une action », affirme Éric-Olivier Lewin tout en présentant la Bourse comme une « école de la patience » où l’investisseur est en mesure d’assumer la baisse d’une valeur à court terme pour espérer en tirer un rendement fort dans plusieurs années. Il faut selon lui en finir avec la fausse idée chez les particuliers que l’investissement en bourse permet de gagner de l’argent rapidement.
Qu’en est-il des cryptomonnaies ? Deux banques nous livrent leurs impressions
On estime à environ 8 % les Français qui ont déjà acquis des cryptomonnaies et à 30 % ceux qui envisageraient d’investir. Et pourtant, selon une étude récente de JP Morgan, 72 % des traders restent sceptiques, comme la grande majorité des banques traditionnelles. Sur ce point, BNP Paribas a un positionnement assez clair : « Les crypto-actifs ne peuvent être considérés comme une “monnaie” car cela nécessite un cadre réglementaire et une gestion prudente de la protection des données et du risque de blanchiment d’argent. » Mais cette dernière ne reste pas fermée à cet écosystème et mène plusieurs projets dans le domaine des actifs digitaux réglementés. Son métier « Securities Services » travaille par exemple avec les fintech Fireblocks et Metaco sur une offre digitale permettant à ses clients institutionnels d’émettre, transférer et conserver des actifs numériques réglementés.
De son côté, la banque Delubac et Cie a choisi de dimensionner une offre dédiée et c’est justement Joël-Alexis Bialkiewicz (ingénieur de formation) qui s’en occupe. « Nous sommes la première banque prestataire de services en actifs numériques, se félicite-t-il. Mais ce n’est pas pour tout le monde car les crypto-actifs sont aux antipodes des valeurs refuges. » Pour se lancer, il faut, selon lui, pouvoir assumer une volatilité forte et ne pas y consacrer plus de 1 % de son patrimoine. Mais cela reste de son point de vue un très bon moyen de diversifier son épargne. Le risque n’est jamais là où on l’attend et Joël-Alexis Bialkiewicz n’entrevoit pas de scénario où les cryptomonnaies sérieuses continueraient de perdre durablement de la valeur étant donné le stade de maturité qu’elles ont réussi à atteindre.
Cet article a été écrit par : Pierre Berthoux
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