Comment faites-vous pour développer une pédagogie plus inclusive ?
C.H. : Il faut déjà arrêter de raconter l’histoire des mathématiques sous le même angle, qui met en scène la figure du « jeune homme geek » que souvent les recruteurs qualifient de « mercenaire » qui s’échappe dès qu’un meilleur salaire lui est proposé. Cet imaginaire opère une déconnexion profonde entre la technique et l’humain et pousse même les entreprises à s’armer de coachs agiles pour compenser le manque de communication avec les équipes techniques.
Il faut favoriser la compréhension du numérique dès le plus jeune âge. Cela ne se limite pas qu’au technique et les élèves doivent comprendre l’histoire d’internet ou des réseaux avant de savoir coder. Ada Tech School s’emploie à raconter une autre histoire de l’informatique pour que les jeunes quels que soient leur sexe, leur origine sociale ou ethnique puissent s’identifier. J’en suis convaincue : pour casser les codes, il faut adopter une nouvelle culture de la tech plus inclusive.
Selon vous, les quotas sont-ils efficaces pour favoriser l’inclusion dans la tech ?
C.H. : Les quotas sont des mesures correctives qui peuvent être utiles pour aller plus vite vers une forme de mixité imposée. Mais nous n’avons pas besoin de cela et nous avons dès le début présenté notre programme comme volontairement « féministe » et accessible à tous et toutes. Il n’y a pas de conditions de diplômes ou de tests techniques pour nous rejoindre et seules des compétences de proactivité, de persévérance et de travail en équipe sont nécessaires. Notre formation se déroule sur deux ans (9 mois de formation à l’école et 12 mois d’alternance) et c’est assez intéressant financièrement pour les entreprises. Néanmoins, le marché des talents du numérique est tellement pénurique que les organisations se retrouvent à attendre jusqu’à six mois avant de pouvoir recruter. Un temps trop long pour les start-up en hyper croissance. Les entreprises doivent s’emparer du sujet pour créer un environnement professionnel favorable aux minorités et accepter que les profils plus juniors ne seront peut-être pas des superstars du code mais auront d’autres compétences précieuses à faire valoir. Encore aujourd’hui, par exemple, une femme sur deux quitte la tech dix ans après l’avoir rejointe.
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