Quelques semaines après son départ de l’écurie Alpine, Otmar Szafnauer a vivement critiqué l’attitude des dirigeants du Groupe Renault tout au long de son mandat à Enstone et notamment leur vision à court-terme incompatible avec la Formule 1 moderne.
Otmar Szafnauer ne retient plus ses coups. S’il s’était montré très diplomatique dans les heures et jours ayant suivi l’officialisation de son départ de l’écurie Alpine, le dirigeant américain a profité d’un entretien accordé à l’émission radio américaine « Cars & Culture with Jason Stein » pour régler ses comptes avec les dirigeants du Groupe Renault et son directeur général Luca de Meo. Pour l’ancien dirigeant de l’écurie Aston Martin, ces derniers « souhaitent un succès instantané et malheureusement, ce n’est pas ainsi que cela fonctionne en F1 ».
Alors que Laurent Rossi avait claironné avoir un plan pour ramener l’écurie tricolore au sommet en 100 Grands Prix, Otmar Szafnauer assure avoir voulu changer la trajectoire avec un plan plus réaliste, provoquant son éviction à l’issue du dernier Grand Prix de Belgique. « Ils voulaient aller plus vite que ce qui est possible et je ne pouvais pas accepter un calendrier irréaliste parce que si vous faites cela, ce n’est qu’une question de temps avant que tout le monde ne soit frustré, a-t-il affirmé Alors j’ai présenté un plan très réaliste et réalisable, et je pense qu’ils voulaient raccourcir ce plan avec quelqu’un d’autre. » Comme Frédéric Vasseur a pu le confier récemment dans La Gazzetta dello Sport, le recrutement en Formule 1 se fait en fonction des contrats déjà en vigueur et que des arrivées étaient déjà programmées.
Szafnauer : « Ils agissaient tous comme dans la Marine »
« Certains devaient arriver à l’automne 2023, la plupart au milieu de l’année 2024 et d’autres en 2025 », a-t-il précisé, ajoutant que les patrons de Renault « n’ont tout simplement pas compris » cela. « C’était soit de l’impatience, soit de l’émotion, mais certainement pas de la compréhension et, malheureusement, c’est ce qu’il faut, a ajouté Otmar Szafnauer. Et c’est ce qu’ils découvriront. » Mais le principal problème du dirigeant américain dans la structure qui était en place au sein de l’écurie Alpine, c’est l’ingérence de Renault dans des secteurs importants.
« Le service commercial, le service marketing, les ressources humaines, les finances, la communication, tout cela ne dépendait pas de moi mais de quelqu’un d’autre dans l’organisation générale, et ils agissaient tous comme dans la Marine, a résumé Otmar Szafnauer. Et il fallait que nous soyons des pirates pour gagner. » Pour illustrer cela, l’ancien patron de l’écurie Racing Point a critiqué l’inertie dans certaines prises de décision. « Si vous voulez engager quelqu’un et que vous devez signer un contrat dans la journée, parce que c’est ce que nous faisons en Formule 1, vous ne pouvez pas attendre deux semaines, a-t-il conclu. Si cela vous prend deux semaines, cette recrue spéciale va peut-être partir ailleurs. Vous devez être des pirates. » Il faudra voir si la future direction de l’écurie, avec le nom de Mattia Binotto qui revient de plus en plus, saura s’adapter à un tel contexte.
KABDEL MEDIA
