D’après un rapport de l’organisme d’investigation Profundo, plusieurs banques françaises ne respectent pas leurs engagements en matière de lutte contre le tabagisme. Depuis 2018, ce sont plus de 5 milliards de dollars de crédits qui ont été accordés par des acteurs français aux cigarettiers.
« Si l’industrie du tabac réussit à maintenir son commerce mortifère, c’est aussi grâce aux ressources que lui apportent les établissements bancaires et les fonds d’investissements », souligne la directrice de l’Alliance contre le tabac, Marion Catellin, citée dans le communiqué de Profundo. Et pour cause. Près de 5,3 milliards d’euros en cinq ans aurait été accordés par des banques françaises aux cigarettiers, affirme un rapport de l’organisme d’investigation Profundo, commandé par l’Alliance contre le tabac. « Malgré le désastre humain, sociétal et environnemental que représente l’industrie du tabac, celle-ci continue de bénéficier de soutien financier pour perpétuer ses activités », regrette l’association ce mercredi 6 mars. Sont particulièrement visés : Crédit Agricole et surtout la Société Générale. Et l’Alliance contre le tabac de fustiger : « Ces montants sont d’autant plus indignant qu’ils émanent directement d’acteurs s’étant engagés publiquement à cesser tout financement du tabac, il y a de ça quelques années. »
Financer une industrie « qui tue »
La Société Générale compte à elle seule pour 83% du soutien financier français apporté à l’industrie du tabac. Même si elle tend à diminuer ses appuis ces dernières années. « Pour autant, ces crédits sont inacceptables », estime Marion Catellin, directrice générale de l’Alliance contre le Tabac. « Comme l’avait récemment déclaré le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, chaque investissement dans l’industrie du tabac est un investissement dans la mort et la maladie. En finançant les acteurs du tabac, les banques françaises se rendent complices d’une industrie qui tue un consommateur sur deux. »
Mais les banques françaises ne se contentent pas de prêter de l’argent à l’industrie du tabac. Elles investissent aussi elles-mêmes sur ce marché. Le rapport révèle qu’en novembre 2023, les banques françaises totalisaient 723 millions de dollars d’investissements. 40 % de ces fonds proviennent du groupe BPCE, et pour plus de 20 % du Crédit Agricole. Si une tendance à la baisse de ces investissements est à noter pour certaines banques, ce n’est pas le cas de tout le monde. Groupama, par exemple, s’est mis à investir et de manière croissante dans ce secteur depuis 2021.
De son côté, si le Crédit agricole était encore un acteur bancaire majeur dans le financement du tabac, il s’en est désengagé en 2021. C’est même gravé dans les politiques de l’établissement français.
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