L’Espagnol a triomphé dimanche face au Serbe en 5 sets. Le numéro 1 mondial, âgé de 20 ans, s’est rapidement adapté sur gazon au point de dominer le maître des lieux.
Par Gabriel Attal
![Carlos Alcaraz pose avec le trophee de vainqueur du tournoi de Wimbledon, le 16 juillet 2023.
Carlos Alcaraz pose avec le trophee de vainqueur du tournoi de Wimbledon, le 16 juillet 2023.](https://static.lpnt.fr/images/2023/07/17/24754227lpw-24755244-mega-une-jpg_9656466_660x287.jpg)
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C’est une performance majuscule qu’a réussie Carlos Alcaraz dimanche 16 juillet. L’Espagnol a dominé le Serbe Novak Djokovic, septuple vainqueur à Wimbledon, en 5 sets 1-6, 7-6, 6-1, 3-6, 6-4 en 4 h 42 de jeu. Battre Djokovic, le maître des lieux, un exploit que personne n’avait réalisé depuis Andy Murray il y a 10 ans sur le Central du tournoi du grand chelem londonien. Et c’est d’autant plus retentissant que le numéro 1 mondial, âgé de 20 ans, a remporté Wimbledon à sa deuxième participation seulement. Même lui ne pensait pas que « cela arriverait si tôt ».
La transition terre battue-gazon n’est jamais facile, il faut composer avec un rebond bas et plus rapide que sur l’ocre. Carlos Alcaraz a donc réussi là une adaptation ultrarapide. Le Serbe, vainqueur de 23 titres du grand chelem, l’a concédé lui-même : « Je pensais avoir des soucis avec toi sur terre et peut-être sur dur, mais pas sur gazon. Bravo à toi pour avoir su t’adapter aussi vite à cette surface. »
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Depuis son élimination en huitième de finale l’année dernière contre Jannik Sinner, le natif d’El Palmar a beaucoup progressé dans son jeu avec une puissance en fond de court dont peu de joueurs peuvent se targuer et une variation de jeu impressionnante. Comme l’analyse l’ancien joueur de Tennis français Henri Leconte : « Il est jeune et a une façon de jouer qui déstabilise les anciens. Également avec ses amortis, sa lucidité. Il a aussi beaucoup plus de solutions et il provoque son adversaire, c’est sa grande force. Il y a également cette insouciance décisive dans les moments importants. Parfois, lorsqu’on vieillit, on calcule un peu trop… Cette liberté de frappe, cette liberté d’initiative est exceptionnelle chez lui. Cela bouscule le tennis mondial, et tant mieux. »
Une meilleure gestion des émotions
On l’avait quitté à Roland-Garros avec des crampes en demi-finale contre ce même Novak Djokovic, un sentiment amer car il tenait la dragée haute au Serbe. Depuis ce 9 juin, Alcaraz s’est refait une santé, a remporté le Queen’s et donc Wimbledon. Il explique « être un joueur totalement différent de Roland-Garros. J’ai beaucoup grandi depuis ce match. J’en ai tiré beaucoup de leçons. Et cette fois, j’ai fait les choses différemment, notamment dans l’approche mentale, pour préparer celui-ci. Cela m’a permis de mieux gérer mes nerfs et la pression. Je crois que c’est l’aspect mental qui m’a permis de tenir ainsi pendant cinq sets. »
Des éléments essentiels à ce niveau de jeu, comme le souligne Henri Leconte : « Où il a été impressionnant, c’est comment il a été mentalement, parce qu’il a détruit Novak Djokovic à la fin par sa puissance et son mental. Il avait été pris par les émotions à Roland-Garros, là, il n’a pas fait la même chose. Il a mal débuté en perdant le premier set, mais lorsqu’il a gagné les 2 sets suivants, on a vu un Djokovic s’énerver, qui ne trouvait pas la solution. Alcaraz a passé la vitesse supérieure dans la 5e manche, que ce soit en puissance, moralement, son intelligence de jeu. C’est le travail effectué avec son équipe et Juan Carlos Ferrero de pouvoir oublier ce qu’il s’est passé à Roland-Garros pour être un autre homme à Wimbledon ».
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Alors que Djokovic restait sur 15 tie-breaks consécutifs remportés en grand chelem cette saison, Alcaraz a su casser cette série, tenir mentalement et ainsi inverser le cours de cette finale. La bombe espagnole est lancée et elle ne semble pas près de s’arrêter.
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