La plupart des dirigeants et des cadres supérieurs doivent trouver un équilibre délicat entre leurs responsabilités professionnelles et leur bien-être personnel.
Article de John Rex pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
La gestion du temps et l’efficacité requièrent clarté et discipline
Il y a quelques années, lors d’un entretien avec un dirigeant sur la perspective d’un coaching, John Rex a eu l’impression que ce dernier était enthousiaste à l’idée de travailler avec lui, mais l’élan s’est essoufflé lorsqu’il a proposé un délai de trois mois, invoquant un emploi du temps surchargé. John Rex l’a rassuré sur sa flexibilité et les deux hommes ont repris contact pour discuter des avantages du coaching, en particulier, l’amélioration des compétences en matière de hiérarchisation des priorités pour se concentrer plus efficacement sur les aspects les plus cruciaux de son travail et de sa vie. Il a hésité pendant une fraction de seconde, puis a rapidement fait savoir qu’il était honnêtement trop occupé pour commencer le coaching.
Ce leader talentueux avait participé à l’entretien avec dix minutes de retard. Il avait été retardé par une réunion précédente qui s’était prolongée, mais son ton indiquait clairement qu’il était impatient de transmettre son message rapidement à John Rex et de poursuivre sa journée. Après l’entretien, John Rex a réfléchi au paradoxe de cette conversation. Ce dirigeant, qui cherchait des solutions pour rationaliser son emploi du temps, semblait peu enclin à consacrer du temps au processus même qui pourrait alléger les contraintes de temps qu’il s’efforçait de gérer.
Nombre des clients de John Rex lui ont confié que leur collaboration leur avait permis de clarifier leurs objectifs et leurs priorités, de refuser en toute confiance des engagements non essentiels, de prendre des décisions en accord avec leurs valeurs et d’aligner plus étroitement leur travail sur ce qui est vraiment important pour eux.
Une meilleure gestion du temps exige des priorités claires
La plupart des dirigeants et des cadres supérieurs doivent trouver un équilibre délicat entre leurs responsabilités professionnelles et leur bien-être personnel. Ces dirigeants sont confrontés à une multitude de défis et d’intérêts de la part des parties prenantes. Équilibrer ces intérêts n’est pas une mince affaire, surtout lorsqu’ils sont divergents, et les classer par ordre de priorité pour répondre aux besoins de chacun peut s’avérer un casse-tête complexe. Cependant, il est impossible de commencer à naviguer dans la dynamique de la gestion du temps tant que l’on ne reconnait pas la complexité inhérente à ces rôles et leur impact sur la vie en dehors du travail.
Au cours des cinquante dernières années, seule une poignée de chercheurs a exploré les complexités de l’allocation et de la gestion du temps des dirigeants et des cadres supérieurs. Néanmoins, leurs travaux ont permis de mettre en lumière les exigences auxquelles sont soumis ces cadres de haut niveau. Parmi ces études, un rapport de 2018 de Harvard fournit des informations détaillées sur la façon dont les PDG passent leurs journées, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du bureau. Bien que l’étude se concentre principalement sur les PDG, ces résultats peuvent être extrapolés et ils sont pertinents pour la vie d’autres dirigeants aux plus hauts niveaux d’une organisation.
L’étude de Harvard souligne la nature exigeante des fonctions de direction. Il n’est donc pas surprenant que les conclusions de l’étude indiquent que ces dirigeants travaillent généralement de longues heures, leur temps de travail débordant souvent sur les week-ends et les jours de vacances.
Un constat paradoxal
Cependant, au milieu de cette vie professionnelle rigoureuse, l’étude révèle également un résultat peut-être paradoxal : ces dirigeants sont particulièrement attentifs à préserver leur temps en dehors du travail.
Plus précisément, ils fournissent un effort considérable pour protéger leur temps personnel, favoriser les relations avec leurs proches, s’adonner à des passe-temps, donner la priorité à l’exercice physique et veiller à dormir suffisamment, en moyenne près de sept heures par nuit. Ce phénomène souligne l’importance d’une gestion efficace et efficiente du temps dans la recherche d’un équilibre et de limites entre l’intensité professionnelle et le bien-être personnel.
Le compte rendu de l’étude par la Harvard Business Review souligne la nature « implacable » du travail d’un PDG, mettant en évidence la nécessité pour les dirigeants d’adopter une approche disciplinée semblable à celle des athlètes d’élite. Pour soutenir et satisfaire les exigences de leur fonction, il n’est pas seulement primordial, mais nécessaire de se réserver du temps pour la santé, la forme physique et le repos.
Pour les dirigeants, la conclusion est claire : il est essentiel d’adopter une approche nuancée de la gestion du temps. Conscients de la complexité de leur rôle, ils doivent, de manière proactive, consacrer du temps à leurs obligations professionnelles et à leur bien-être personnel. L’étude suggère que la protection du temps personnel n’est pas un luxe mais une nécessité, permettant aux dirigeants de maintenir l’intensité de leur rôle sur le long terme.
Aiguiser d’abord la hache
En examinant ces résultats, on se souvient de la célèbre citation attribuée à Abraham Lincoln : « Que l’on me donne six heures pour couper un arbre, j’en passerai quatre à préparer ma hache. »
Cette citation est l’exemple du pragmatisme. Lorsque l’on prend le temps d’entretenir ses outils, en particulier son esprit, son corps et son âme, les performances seront au rendez-vous au moment où l’on en aura le plus besoin. Entretenir ses outils fait gagner un temps précieux, permettant ainsi de libérer du temps supplémentaire. En revanche, si on néglige ses outils, ils risquent de ne pas faire leur travail correctement lorsque l’on en aura besoin, ce qui fait perdre un temps précieux. Dans le pire des cas, les outils peuvent même tomber en panne, entraînant une perte de temps ou obligeant les dirigeants à ralentir la cadence le temps de se remettre sur pieds.
Alors qu’il faut de la planification, des efforts et même de l’humilité pour changer sa façon de faire, il est pratiquement facile de négliger de prendre soin de soi. Il n’est donc pas surprenant que l’on choisisse régulièrement de renoncer à toutes sortes de soins personnels importants, même si on sait que l’inattention entraîne une baisse de la productivité et de l’efficacité, voire une vie moins satisfaisante.
Le prix à payer pour se couper du monde peut être élevé, mais la bonne nouvelle, c’est que l’on n’est pas obligé de vivre ainsi pour toujours. Il est essentiel de commencer et continuer à faire quelques pas à la fois. Un jour après l’autre, un petit effort conscient permet de mener une vie plus fondée sur des valeurs, plus productive, plus équilibrée et plus épanouissante.
Lorsque vous réfléchissez à vos habitudes et à la gestion de votre temps, réfléchissez à la manière dont vous pouvez changer de cap. Vous pouvez commencer par vous poser des questions telles que :
- Où est-ce que je me néglige ? Quelles sont les conséquences de cette négligence ?
- Comment ma vie et mon travail pourraient-ils s’améliorer si j’investissais sur moi-même ?
- Quand puis-je réserver du temps pour « aiguiser ma hache » ? Puis-je bloquer régulièrement ce temps sur mon calendrier ?
- Quelle nouvelle habitude aimerais-je prendre ? Qu’est-ce qui m’empêche de le faire aujourd’hui ou cette semaine ?
- Ai-je besoin d’aide pour clarifier mes priorités et gérer mon temps efficacement ? Y a-t-il quelqu’un à qui je peux demander de l’aide ?
Il n’est pas facile de répondre à ces questions, mais comme l’a montré l’étude de Harvard, il est possible de trouver un équilibre délicat entre les exigences professionnelles et le bien-être personnel. Toutefois, un parcours professionnel plus durable et plus épanouissant nécessite une approche plus disciplinée.
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