D’Istanbul à Guerlain : Begüm Khan, nouveau visage ottoman de la joaillerie

En signant une collection de flacons de parfum pour Guerlain, Begüm Khan vient de rentrer dans le cercle de celles qui comptent. Avec ses bijoux faits à la main, la jeune femme nous plonge dans un monde onirique, entre contrées imaginaires et faste ottoman. Flamboyante, la jeune joaillière turque crée les bijoux dont elle a envie et qui font envie

Dans un petit atelier niché au premier d’un immeuble situé dans le quartier de Fatih à Istanbul, juste à côté du Grand Bazar, la rigueur règne en maître, où tout est à sa place, où chaque outil a son rôle précis respectant un savoir-faire ancestral. Une sorte de caverne qui n’a rien à envier à celle d’Ali Baba, où sont travaillées en bronze plaqué-or toute sortes de pierres semi-précieuses, de perles, de coraux, et de turquoises au gré de l’imagination de Begüm Kiroglu. Fondatrice de la maison de bijoux et d’accessoires de haute fantaisie Begüm Khan, la jeune femme s’amuse à nous faire voyager dans le temps, celui du faste de l’empire Ottoman et des merveilles de la joaillerie impériale chinoise, avec des créations totalement oniriques. 

Peuplés d’insectes dotés de pouvoirs magiques et rehaussés de motifs de flore luxuriante, ses bijoux ressemblent à des talismans tous droits inspirés des jardins du Palais de Topkapi. Une liberté de création qui amène depuis une dizaine d’années la créatrice à dépasser le cadre de la joaillerie traditionnelle, avec une fantaisie plébiscitée autant par les fashionistas que par sa communauté sur Instagram – ils sont 122 000 à suivre sa marque. Pour Noël, la Maison Guerlain lui a demandé de revisiter leur collection de maquillage avec son bestiaire enchanté, mais aussi d’habiller deux pièces d’exception du Flacon aux abeilles à l’occasion de ses 170 ans. 

Collectionneurs d’art ottoman

Un succès mérité pour cette créatrice a la tête bien faite : en jeune femme de son époque, elle produit des collections toute l’année pour une demande grandissante de ventes par correspondance. « Mes bijoux sont des coups de cœur et doivent arriver le plus rapidement possible à leur destinataire », explique-t-elle avec l’aplomb des femmes qui ne font confiance qu’à la valeur travail. Il y a quatre ans, elle inaugurait sa propre maison dans le quartier Nisantasi, aux côtés de Gucci, Chanel, et Louis Vuitton. Habillée par son oncle décorateur dans un velours vert acidulé, tel un cabinet de curiosités revisité, sa boutique reçoit toute la jeune bourgeoisie branchée d’Istanbul. 

Née dans une famille de collectionneurs d’art ottoman et entourée d’objets rares et magnifiques, Begüm Kiroglu a été biberonnée au raffinement. Après des études de commerce à l’université Koç d’Istanbul, puis à l’université Bocconi de Milan, elle a poursuivi son rêve d’aller plus à l’est et s’est installée en Chine. C’est à l’occasion du mariage de son frère, qu’elle fera ses premiers pas dans la joaillerie en lui dessinant son cadeau de mariage : une paire de boutons de manchette personnalisés. « Je m’aventurais même à détourner certaines pièces. C’est en les regardant avec fascination et en les manipulant que ma passion pour les bijoux s’est développée. Et j’ai eu envie de lui offrir un objet personnel dont il se souviendrait. Tout est parti de là. ». Il y a quelques mois, la chanteuse Katy Perry arborait dans l’émission à succès American Idol, une paire de boucles d’oreilles « cœur sacré » qui a attiré tous les regards.