Le PDG de Figma, Dylan Field, a promis de rafraîchir les plans d’action des employés et a offert trois mois de salaire à tous ceux qui souhaitaient partir, alors que l’entreprise a revu sa valorisation à 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros), selon des sources et des communications internes examinées par Forbes.
Un article de Alex Konrad pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Avec l’abandon de son acquisition par Adobe pour 20 milliards de dollars dans le cadre d’un examen réglementaire approfondi, la startup de logiciels de conception Figma s’efforce maintenant d’ajuster la façon dont les employés – dont des centaines ont rejoint l’entreprise au cours de l’année écoulée depuis l’annonce de l’accord – sont rémunérés alors que l’entreprise revient à une évaluation inférieure de moitié au prix de l’accord annoncé.
Le PDG de Figma, Dylan Field, a déclaré jeudi aux employés que la société prévoyait de revenir à une évaluation de 10 milliards de dollars à des fins de rémunération, et qu’elle prévoyait d’augmenter les packages d’actions pour les employés qui avaient vu leur rémunération à base d’actions chuter précipitamment en valeur avec la fin de l’accord. Dans une note publiée sur le canal de collaboration Slack de Figma, consultée par Forbes, M. Field a également annoncé un programme unique de détachement permettant à tout employé de quitter volontairement l’entreprise en échange de trois mois de salaire.
Des mesures de compensation
Dans le cadre de la mise à jour de la rémunération de Figma, les employés qui ont rejoint la société au cours des 16 mois qui ont suivi l’annonce de la vente d’Adobe recevront des actions supplémentaires de Figma, à hauteur de 70 % de la valeur initiale prévue de leurs paquets de rémunération négociés dans le cadre du prix plus élevé de 20 milliards de dollars (18,4 milliards d’euros). Ces employés – environ 500 personnes, selon un précédent billet de blog de la société – et tous les autres qui ont rejoint la société au cours de l’année précédant la vente seront également éligibles pour recevoir de nouvelles attributions d’actions supplémentaires à l’automne, selon quatre sources ayant connaissance de l’affaire et la note de M. Field au personnel.
Ces changements entreraient en vigueur le 1er février, un jour après la date limite à laquelle les employés, connus en interne sous le nom de « Figmates », peuvent quitter volontairement l’entreprise en échange de douze semaines d’indemnités de licenciement – une offre inhabituelle proposée à l’ensemble des 1 300 employés de l’entreprise.
Pour plusieurs employés qui ont reçu le message et demandé à rester anonymes, les changements de Figma semblaient être des ajustements à une nouvelle normalité : un avenir à long terme en tant que startup indépendante, avec ses propres profits et pertes et ses propres attentes en matière de croissance. En augmentant les plans d’équité, Figma pourrait contribuer à empêcher le débauchage du personnel, en particulier des nouvelles recrues, a déclaré l’un d’entre eux. Pour un autre, le programme de départ semble être une tactique pour réduire les effectifs pléthoriques.
Contactée par Forbes pour une demande de commentaires, Figma a confirmé l’existence de ces changements. « Il a fallu beaucoup de discipline et de courage pour arriver là où nous sommes aujourd’hui, et notre chemin vers l’avenir va exiger la même concentration et la même intensité », a déclaré le porte-parole Michael Amodeo dans un communiqué. « Figma est toujours une startup, et bien que nous réalisions que ce n’est peut-être pas ce que certains membres de notre équipe attendaient ou ont signé, nous sommes enthousiastes pour le prochain chapitre et espérons que les Figmates choisiront de rester et d’en faire partie. »
Un climat incertain
La décision de Figma intervient alors que la société doit se réadapter à un environnement plus austère que celui dans lequel elle a levé 200 millions de dollars (184,4 millions d’euros) à son évaluation initiale de 10 milliards de dollars (9,2 milliards d’euros) en juin 2021. Au cours de cette période, de nombreuses startups licornes, dont Stripe, l’entreprise phare de la fintech, ont levé des fonds ou ont vu leur prix baisser sur le marché secondaire. Dans son message au personnel examiné par Forbes, M. Field a admis qu’il ne savait pas exactement ce que valaient les actions de Figma, qui a été lancée en tant qu’outil logiciel de conception en 2015 et qui s’est depuis étendue à d’autres domaines de collaboration tels que le tableau blanc numérique.
Mais alors que le cofondateur de Figma a dit à ses employés que le marché devrait décider de ce prix à une date ultérieure – jusqu’à ce qu’il utilise sa précédente évaluation de 10 milliards de dollars – les marchés secondaires ont déjà réagi. Le jour où les employés ont publié une note sur Slack, un actionnaire a offert une position de 4,5 millions de dollars (4,1 millions d’euros) à une évaluation implicite d’environ 11 milliards de dollars (10,1 milliards d’euros), selon Caplight. Avec un chiffre d’affaires annuel récurrent d’environ 600 millions de dollars (554 millions d’euros) en 2023 et une croissance de plus de 40 %, comme le rapporte The Information, Figma vaudrait entre 8 et 9 milliards de dollars (entre 7,3 et 8,3 milliards d’euros) si elle était évaluée selon les mêmes multiples de chiffre d’affaires que ses concurrents les plus proches, Adobe et Canva, a déclaré Ken Smythe, fondateur de la société Next Round Capital, spécialisée dans les marchés secondaires.
Face à cette nouvelle réalité, les modifications de la rémunération en actions de Figma visaient à réaligner les paquets de rémunération du personnel sur les performances, a déclaré une personne au courant de la réflexion de l’entreprise. Les changements ne concernent pas seulement les nouveaux embauchés : la rémunération en actions liée aux promotions, aux augmentations ou aux transferts d’emploi effectués pendant la période d’incertitude d’Adobe pour tous les employés sera également ajustée pour refléter 100 % des valeurs prévues à l’origine, a déclaré la personne. Les employés embauchés plus tôt en 2021 pourraient également recevoir des actions supplémentaires cet automne.
À Next Round Capital, M. Smythe a déclaré que de telles mesures étaient la meilleure tactique que Figma pouvait espérer adopter pour compenser la déception financière du personnel dont les actions ont pratiquement perdu la moitié de leur valeur du jour au lendemain. « Figma fait ce qu’il faut pour ses employés en réajustant le prix de ses actions en fonction de la réalité », a-t-il déclaré.
Comme Figma a renoncé temporairement l’année dernière à son délai d’un an pour que tout nouvel employé reçoive des unités d’actions restreintes, tout employé qui choisit de partir peut conserver des actions de Figma au moment de son départ, a déclaré une source. Ils peuvent également postuler à nouveau à un emploi chez Figma, conformément à la note de M. Field, après six mois.
Dans ses communications, le PDG a déclaré que l’offre « Detach », visait à s’assurer que les employés qui choisissaient de rester – et recevaient ces ajustements d’équité le 1er février – s’engageaient à nouveau à travailler au quotidien dans une startup, et non dans une filiale d’une grande entreprise de technologie comme Adobe. M. Field a déclaré qu’il espérait que personne n’accepterait.
Le nombre de Figmates qui choisiront de partir constituera un référendum à la fois sur les priorités récentes de Figma en matière de personnel et sur la confiance des employés dans les perspectives commerciales de l’entreprise. Figma a reçu 1 milliard de dollars (923 millions d’euros) en espèces comme indemnité de rupture de la part d’Adobe en décembre ; la société propose actuellement 58 postes vacants sur son site d’offres d’emploi. Mais sans autre sortie en vue, chaque dollar dépensé par Figma pour aller de l’avant a un peu plus de poids. La réduction des effectifs pourrait aider Figma à réorienter ses ressources vers des domaines à plus forte croissance, tels que l’intelligence artificielle, a déclaré un investisseur actuel à Forbes.
L’investisseur, qui a demandé à rester anonyme parce qu’il n’était pas autorisé à s’exprimer, a interprété les motivations de Figma en déclarant : « Il faut supprimer ceux qui ne sont plus motivés, qui sont fatigués ou qui n’ont plus de sens stratégique ».
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