Cette année, la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos a témoigné de l’importance croissante de l’intelligence artificielle.
Article de Bernard Marr pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
Du 15 au 19 janvier 2024, de nombreux dirigeants mondiaux, innovateurs technologiques ou encore leaders d’opinion se sont réunis pour relever les défis économiques, politiques et sociaux les plus urgents, l’IA occupant une place centrale au sein des débats. Cette année, le Forum économique mondial discussions a mis en évidence le potentiel de transformation de l’IA et souligné la nécessité d’une gouvernance innovante et prudente.
En 2023, l’IA a franchi une étape importante en matière d’accès au grand public. Son impact sur l’emploi et les réglementations mondiales est indéniable, témoignant d’un changement dans le monde du travail et exigeant une nouvelle approche de la productivité, de la croissance des salaires et de l’éducation.
Se concentrer sur le marché de l’emploi à l’ère de l’IA
Le rapport Gen-AI: Artificial Intelligence and the Future of Work du Fonds monétaire international (FMI), dévoilé à Davos, dresse un tableau sombre : dans les pays avancés, l’IA pourrait avoir des incidences sur environ 60 % des emplois. Cette statistique alarmante a suscité d’intenses débats sur l’avenir du travail, montrant l’urgence de la formation et de l’adaptation des compétences.
Des leaders tels que Sam Altman, PDG d’OpenAI, et Klaus Schwab, fondateur du Forum économique mondial, ainsi que Satya Nadella, PDG de Microsoft, ont mis l’accent sur la démystification de l’IA. Ils ont souligné l’importance d’offrir au grand public les compétences nécessaires pour exploiter les avantages de l’IA tout en gérant ses risques.
Lors d’une table ronde réunissant des PDG de grandes entreprises telles que Deloitte et Sanofi, le rôle de l’IA dans l’amélioration de la productivité sur le lieu de travail et des scénarios d’emploi a été examiné en profondeur. Le président français Emmanuel Macron a souligné la nécessité de créer des emplois, en particulier dans les secteurs verts, et d’adapter les systèmes éducatifs pour répondre aux exigences d’un marché du travail axé sur l’IA. La session The Race to Reskill a mis en lumière le rôle de la technologie dans le développement rapide des compétences.
La session Generative AI: Steam Engine of the Fourth Industrial Revolution? est allée au-delà du battage médiatique, en se concentrant sur la requalification, essentielle pour capitaliser sur les avantages de l’IA. Hadi Partovi, PDG de Code.org, a relevé un changement crucial : le véritable défi n’est pas le remplacement des emplois par des machines, mais par des personnes maîtrisant l’IA. Il a plaidé pour l’intégration de l’éducation à l’IA afin de préparer les citoyens, en particulier les jeunes, à un monde dominé par l’IA.
Lors de la session Technology in a Turbulent World, Sam Altman a donné un aperçu approfondi de l’avenir de l’IA. Il a expliqué comment l’IA, malgré ses limites, catalyse déjà des améliorations significatives de la productivité. Sam Altman a souligné l’importance de comprendre les processus de raisonnement de l’IA pour instaurer la confiance et a insisté sur la valeur durable des relations humaines, affirmant que l’IA ne peut pas remplacer le besoin d’attention et d’interaction.
Neal Mohan (YouTube), Daren Tang (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle), Almar Latour (Wall Street Journal) et l’artiste Krista Kim ont participé à une discussion passionnante sur l’impact de l’IA générative sur la créativité. Ils ont abordé des questions complexes telles que le droit d’auteur sur les contenus générés par l’IA et la distinction entre les créations humaines et celles des machines. Daren Tang a insisté sur l’importance de la collaboration pour établir des normes d’interopérabilité et de meilleures pratiques, se faisant ainsi l’écho d’une tendance mondiale en faveur de systèmes d’IA plus intégrés.
Sam Altman a prévu une évolution vers des rôles plus centrés sur les idées, facilitée par la capacité de l’IA à élever les fonctions professionnelles à des niveaux d’abstraction plus élevés. Il s’est montré optimiste quant à l’alignement des valeurs de l’IA, observant des progrès significatifs entre GPT-3 et GPT-4. Il a toutefois reconnu la complexité de la définition et de l’alignement de ces valeurs et a appelé la société à s’impliquer dans l’établissement de normes éthiques et de sécurité.
Appeler à une utilisation éthique et responsable de l’IA
Le philosophe Michael Sandel a soulevé de profondes questions éthiques sur l’IA, en examinant son impact sur l’authenticité humaine et les limites floues entre les connexions humaines virtuelles et réelles. Ces questions philosophiques invitent à une réflexion plus approfondie sur notre relation avec la technologie.
La nécessité d’une gouvernance responsable de l’IA a résonné tout au long du Forum économique mondial, avec des appels à une approche équilibrée qui favorise l’innovation tout en atténuant les risques. Le Premier ministre chinois Li Qiang a souligné l’importance des mécanismes de gouvernance mondiale de l’IA. Des dirigeants tels que Brad Smith, président de Microsoft, ont discuté de la convergence des réglementations en matière d’IA, mettant en évidence une compréhension commune des problèmes fondamentaux et des stratégies pour les résoudre.
Vera Jourová, la vice-présidente de la Commission européenne en charge des Valeurs et de la Transparence, a fait valoir que la réglementation est cruciale pour la gestion des risques liés à l’IA. Jeremy Hunt, chancelier de l’Échiquier (Royaume-Uni), a plaidé en faveur d’une réglementation « légère » et d’une collaboration mondiale dans le domaine de l’IA. Les débats ont mis l’accent sur la nécessité de maximiser le potentiel de l’IA tout en évitant les abus. L’échange entre Yann LeCun et Daphne Koller sur les modèles génératifs a mis en évidence la nécessité d’une approche équilibrée de l’innovation et de la réglementation. Ruth Porat (Google) a souligné l’importance de la cybersécurité à l’ère de l’IA.
L’édition 2024 du Forum économique mondial a mis en évidence l’omniprésence et l’importance de l’IA au sein de la société moderne. Elle a mis en évidence l’immense potentiel de l’IA pour remodeler les économies et les sociétés, tout en attirant l’attention sur le besoin crucial d’une gouvernance équilibrée, de considérations éthiques et de développement des compétences. Alors que l’IA continue d’évoluer, les débats et les décisions prises lors de forums tels que Davos joueront un rôle crucial dans l’orientation de sa trajectoire.
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