Plus qu’un simple cliché, Gaëlle Vuillaume voit la photographie comme une thérapie, comme un moyen de reprendre confiance en soi. Découverte de cette Française attachante et inspirante, installée au Québec depuis une dizaine d’années.
S’assumer dans la société actuelle
Sa mère était photographe professionnelle, son père était passionné de vidéo. C’est donc entourée d’objectifs, de moments de vie capturés et d’une recherche d’esthétisme qu’a grandi Gaëlle Vuillaume. « Je suis tombée dans la marmite de potion magique quand j’étais enfant », s’amuse-t-elle, en référence à un personnage bien connu de l’univers culturel français. Ainsi, depuis l’adolescence, elle nourrit sa vision de la photographie qui se caractérise par une approche thérapeutique profonde, par une écoute de tous les instants, par une véritable libération de traumatismes.
Et pourtant, dans une société paradoxalement de plus en plus inclusive et tolérante sur les sujets physiques, trouver son épanouissement en se sentant bien dans son corps peut être un combat quotidien de plus en plus dur à mener. « Quand on voit la puissance des outils de retouche ou des filtres Instagram, qu’on voit les filles sur les réseaux sociaux qui mettent en avant un physique qu’on pense “parfait”, c’est dur de s’assumer. On se dissocie de sa propre identité, on souffre de l’idéal qui est en face de nous toute la journée », estime Gaëlle. Cette dernière utilise ainsi la photographie comme moyen de renouer avec la confiance corporelle et l’estime de soi, deux facteurs importants de la santé mentale et donc du bien-être.
Plus que des photos, des messages profonds et engagés
Cette photographe basée au Québec, à Longueuil, est passionnée de psychologie humaine « presque autant que par la photo », reconnaît-elle, et s’est même formée à la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) pour accentuer son approche humaniste de sa profession. En se spécialisant dans l’art du portrait, que ce soit lors de séances mettant l’être humain au centre de tout, lors de nus artistiques, ou de photos sportives, Gaëlle voit dans ces clichés un message bien plus profond et engagé.
Parmi ses demandes, elle a déjà capturé un corps avant une opération chirurgicale pour l’immortaliser, elle a retracé la vie en photo d’un homme en phase terminale d’une maladie ou elle a photographié deux amies avant une opération, « juste au cas où l’une d’entre elle aurait besoin d’un souvenir », se rappelle-t-elle. Cette vision est palpable dans la collection Women’s waves, une série de clichés en noir et blanc représentant des femmes dans toute leur vulnérabilité, mais aussi dans leur courage, après avoir combattu un cancer du sein.
La photographie, une magie très puissante
Plus qu’un bout de papier, la photographie fige des moments dans le temps, transporte dans le passé, fait vivre ou revivre des émotions et permet de retrouver l’estime de soi. « La photographie est un moyen très puissant, presque magique, pour se sentir bien. Cela permet de montrer aux gens comment tout le monde les voit et pas comment ils se voient eux-mêmes. Avant chaque shooting, je les écoute me parler de leurs émotions et de leurs complexes physiques pour les rassurer. Ensuite, c’est mon appareil qui parle et la magie opère », explique Gaëlle. Cette dernière ajoute également adorer les gens « qui ne sont pas photogéniques », car elle considère que « tout le monde, dans sa singularité, est photogénique ».
Plus qu’une photographe, Gaëlle semble être une thérapeute d’un nouveau genre, même si elle refuse de se qualifier comme telle. Également conférencière suite à sa première conférence TEDx sur l’estime de soi, elle poursuit ses interventions au sein de groupes de femmes ou d’entreprises, afin d’évoquer son approche de la photographie et surtout de la confiance corporelle, de l’estime de soi et de la santé mentale. Cette approche liée à son talent pour capturer les émotions avec esthétisme lui a valu de nombreuses récompenses, comme le Silver Award, Honors of excellence, à la compétition européenne WPE, de nombreuses distinctions internationales, une nomination pour le prix Photographe Portraitiste de l’année par The Societies of Photographers, et d’être finaliste au prix Femmes d’Affaires du Québec 2023 dans la catégorie Solopreneure Audacieuse. Toujours avec l’envie de transformer les complexes en œuvre d’art, Gaëlle compte organiser sa première exposition avec la série Women’s Waves, en France et à Montréal. La suite logique pour cette photographe sociale, qui répand bonheur et confiance partout où elle braque son appareil.
KABDEL MEDIA
