La quatrième étape du Tour de France entre Dax et Nogano passe sur les terres d’André Darrigade, le plus grand sprinter français de l’histoire et au cœur d’un drame sur la Grande Boucle en 1958. « J’ai tué le jardinier du Parc des Princes », a-t-il rappelé.
Cette 110e édition du Tour de France aura un parfum de nostalgie. Conséquence notamment de l’arrivée au sommet du Puy-de-Dôme lors de la 9e étape, 35 ans après le dernier passage par le mythique col du Massif Central, qui a notamment vu le duel iconique entre Jacques Anquetil et Raymond Poulidor en juillet 1964. Cette étape s’élancera d’ailleurs de Saint-Léonard-de-Noblat, la ville de « Poupou». En attendant, c’est André Darrigade, autre figure du cyclisme français, qui est mis à l’honneur à l’occasion de la 4e étape.
Le peloton s’élancera en effet de Dax, la patrie du « Lévrier des Landes » vainqueur de 22 étapes sur le Tour, porteur à 19 reprises du maillot jaune et vainqueur à deux reprises du maillot vert. Celui qui fut également champion du monde en 1968 demeure le plus grand sprinter français de l’histoire et à 94 ans, il a toujours un œil avisé sur l’évolution du cyclisme. Interrogé dans les colonnes de Sud-Ouest, le Landais n’est d’ailleurs pas étonné des nombreuses chutes qui émaillent les sprints d’aujourd’hui.
Tête contre tête, son corps à lui qui s’envole à l’horizontale
« Ça frottait déjà pas mal mais, avec les braquets de brutes qu’ils tirent aujourd’hui, les gars sont obligés de se dresser sur les pédales. Ça prend plus de place, ils se touchent et, forcément, chutent, a-t-il expliqué. Nous, on sprintait toujours assis sur la selle, les mains fermement en bas du guidon. Peut-être n’avions-nous pas ce niveau d’inconscience qu’il faut pour gagner désormais. Sans parler des équipiers qui soudain décrochent dans les 200 derniers mètres. De toute façon, les sprinters n’avaient pas d’équipier. »
S’il est très rarement tombé, André Darrigade n’en a pas moins connu un drame à l’arrivée du Tour 1958 sur le Vélodrome du Parc des Princes. « Dernière étape du Tour 1958, la sixième que j’allais remporter cette année-là. Et puis je tue le chef jardinier du Parc des Princes. Impossible de l’éviter. Je me suis dit que c’était le destin, a-t-il raconté. Huit jours plus tard – huit jours d’hôpital – je courais à nouveau sur ce même vélodrome, c’est dingue. »
« Aujourd’hui, je serais épaulé par une armée de psy pour me remettre d’un tel truc. En réalité, je ne me souviens que d’un énorme boum. C’est tout, traumatisme crânien, brancard, coma, a-t-il poursuivi. J’ai réalisé le lendemain, lorsque l’on m’a montré les photos terribles la une des journaux. J’étais lancé à pleine vitesse quand le pauvre s’est avancé pour écarter les photographes. Tête contre tête, son corps à lui qui s’envole à l’horizontale. Il est mort une dizaine de jours après. Je ne sais toujours pas ce qui lui a pris. »
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