Intelligence artificielle générative : vers une nouvelle civilisation ? C’est aussi le titre que nous avons choisi pour le rapport que l’institut Blue Shift d’Arthur D. Little vient de publier sur l’intelligence artificielle (IA) et l’IA générative. Avec ce titre quelque peu provocateur, nous avons souhaité mettre en exergue deux insights importants : i) malgré l’immense visibilité de ChatGPT, il n’est, en réalité, que de la toute petite pointe d’un gigantesque iceberg de l’IA qui aura un impact considérable sur tous les secteurs, et, ii) beaucoup plus préoccupant, de nombreux·ses dirigeant·e·s n’ont pas encore pleinement saisi l’ampleur de la révolution. Une révolution non seulement pour les entreprises, mais plus largement pour la société et l’humanité. Avec cet article, je souhaitais revenir sur sept perspectives détaillées dans le rapport.
1 L’IA surpasse d’ores et déjà les performances humaines. L’essor des grands modèles linguistiques (Large Language Models, ou LLMs), sur lesquels se construit l’IA générative, a été accéléré par les Transformateurs. Les Transformateurs sont l’une des architectures de modèles d’apprentissage profond les plus efficaces pour effectuer des prédictions de mots, d’images ou d’autres types de données. Par ailleurs, les LLMs sont de plus en plus couplés à d’autres outils, tels que des moteurs de recherche classiques, des graphes de connaissances, des ontologies, ou autres simulations. Ce couplage rend le champ des applications possibles immense. Enfin, de nombreuses intelligences artificielles atteignent ou surpassent déjà régulièrement les performances humaines médianes, et ce, dans un spectre de tâches de plus en plus large et dans les disciplines les plus variées.
2 Tous les secteurs d’activité sont et seront impactés. Les applications de l’IA générative vont bien au-delà des chatbots et de la génération de texte, leurs formes actuelles les plus populaires. En fait, la plupart des tâches intellectuelles de l’entreprise actuellement effectuées par des humains sont ou seront impactées. Ces tâches comprennent la génération de contenu, la réponse à des questions, la recherche d’informations, la résolution de problème, l’optimisation de processus, ou la création de designs, de médias et même d’œuvres d’art véritablement originaux. En conséquence, l’IA générative aura un impact profond sur pratiquement toutes les industries.
3 La plupart des entreprises semblent mal préparées. Malgré l’ampleur de l’impact et les avantages attendus, seulement environ 50% des organisations que nous avons récemment interrogées ont déjà effectué des investissements significatifs ou pris des décisions d’embauche relative à l’IA générative. Cela signale un manque de préparation surprenant – voire alarmant.
4 Les risques sont réels, certains peut-être existentiels. Commet toute technologie, l’IA est une épée à double tranchant, avec un potentiel inégalé mais aussi des limitations intrinsèques importantes. L’apocalypse de l’IA – généralement impliquant une IA malveillante dans la tradition de l’ordinateur HAL de Kubrick – n’est fort heureusement pas probablement pas pour tout de suite. En revanche, il existe d’autres risques réels à court terme, certains d’entre eux très importants, voire existentiels. Un des risques principaux que nous avons identifiés, est celui de la désinformation à grande échelle. L’IA générative a considérablement accéléré la descente dans une ère post-vérité qui pose de réels risques de déstabilisation des organisations, des entreprises et des États.
5 L’intelligence artificielle générale pourrait arriver plus tôt que prévu. La manière dont la qualité des IA génératives vont continuer de se développer et la possible progression vers une intelligence artificielle générale (AGI) sont des incertitudes critiques. C’est-à-dire qu’elles sont des facteurs façonnant le futur à la fois très impactants et très incertains. L’AGI est une IA qui surpasserait les capacités humaines dans un large spectre de tâches. Bien que le potentiel de l’AGI soit révolutionnaire, sa trajectoire reste imprévisible : tous ne sont pas d’accord, mais un segment croissant de la communauté scientifique pense que l’AGI pourrait émerger prochainement, dans les mois ou les années à venir, et non pas dans plusieurs décennies comme on le pensait auparavant. L’AGI suscite des craintes – celui notamment d’un désalignement radical avec les objectifs humains – mais elle pourrait également améliorer considérablement la productivité humaine et aider à résoudre de nouveaux problèmes, y compris les plus grands défis de l’humanité, tels que l’éradication du changement climatique
6 L’IA générative pourrait ouvrir la voie à une nouvelle civilisation. En mettant de côté l’incertitude concernant l’AGI, l’avènement de l’IA entraîne l’automatisation des tâches cognitives répétitives. La plupart des tâches intellectuelles dans toute organisation actuellement effectuées par des humains seront finalement impactées, bien au-delà de tâches comme la création de contenu que nous observons aujourd’hui. Cela offre d’immenses opportunités pour transformer la productivité des cols blancs pour les organisations qui peuvent l’exploiter. Cela signifie-t-il une nouvelle civilisation ? Peut-être. Ce qui est certain, cependant, c’est que l’IA générative conduit définitivement à une nouvelle civilisation du travail cognitif. Pour récolter les bénéfices de cette révolution et ne pas être submergés par elle, nous devons collectivement saisir et rapidement maîtriser les outils et les approches associées.
Télécharger gratuitement le rapport complet de l’étude Arthur D. Little.
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