Jay-Z est devenu le deuxième lauréat du Dr. Dre Global Impact Award lors de la 66e cérémonie des Grammy Awards qui s’est tenue dimanche. Présenté par la Recording Academy et le Black Music Collective, la légende du rap, récompensée 24 fois aux Grammy Awards, a été saluée pour ses réalisations révolutionnaires dans le domaine de la culture hip-hop.
Un article de Ime Ekpo pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Lors de son discours de remerciement, Jay-Z a admis qu’il était « nerveux » et a partagé son opinion concernant la prise en compte du hip-hop et des musiciens noirs par la Recording Academy, citant Beyoncé comme un exemple parfait. « Je ne veux pas mettre cette jeune femme dans l’embarras, mais elle a plus de Grammys que tout le monde et n’a jamais gagné l’album de l’année », a déclaré Jay-Z. « Même selon vos propres calculs, ça ne marche pas. »
Au cours de sa carrière musicale de près de trois décennies, Beyoncé a remporté le prestigieux prix 32 fois sur les 88 nominations qu’elle a obtenues. Pour l’album de l’année, elle a été nommée quatre fois en tant qu’artiste solo : Renaissance (2023), Lemonade (2017), Beyoncé (2015) et I Am…Sasha Fierce (2010), mais n’a jamais gagné.
Jay-Z combat l’injustice
Ce n’est pas la première fois que le chanteur exprime ses préoccupations à l’égard de la Recording Academy. Lors de la 41e édition des Grammy Awards, Jay-Z a obtenu plusieurs nominations, dont celle de la meilleure performance rap par un duo ou un groupe pour Money Ain’t a Thang de Jermaine Dupri, celle de la meilleure performance rap en solo pour Hard Knock Life et celle du meilleur album rap pour son troisième album studio, Vol. 2… Hard Knock Life. Avec la plus grande humilité, il a ensuite boycotté la cérémonie de remise des prix après avoir reconnu la performance négligée de son camarade de rap DMX.
En mai 1998, DMX sort son premier album, It’s Dark and Hell Is Hot, qui se classe en première position du Billboard 200. En décembre de la même année, il sort son deuxième album solo, Flesh of My Flesh, Blood of My Blood, qui se classe également à la première place du Billboard 200.
Vol. 2…Hard Knock Life est également entré en première position du Billboard 200, renforçant ainsi l’attrait du rappeur de Brooklyn pour le grand public. Malgré ce succès, Jay-Z, en tant que puriste du hip-hop, a estimé qu’il était injuste que DMX ne soit pas pris en compte dans les Grammy Awards.
Le hip-hop reconnu aux Grammy Awards
Avec sa fille Blue Ivy Carter, lauréate d’un Grammy, à ses côtés, Jay-Z a partagé ce morceau d’histoire lors de son discours, tout en reconnaissant les efforts pionniers de DJ Jazzy Jeff et de Will Smith. En 1989, le hip-hop a été reconnu lors de la 31e édition des Grammy Awards, avec l’introduction d’une nouvelle catégorie, celle de la meilleure performance rap. Les premiers nommés étaient J. J. Fad pour Supersonic, Salt-n-Pepa pour Push It, Kool Moe Dee pour Wild Wild West, LL Cool J pour Going Back to Cali et DJ Jazzy Jeff & the Fresh Prince pour leur tube Parents Just Don’t Understand.
DJ Jazzy Jeff et Will Smith sont entrés dans l’histoire en devenant les premiers à remporter un Grammy dans le domaine de la culture hip-hop, un événement retransmis lors de la cérémonie pré-télévisée. Cependant, le duo gagnant, mécontent du manque d’exposition de ce moment historique, a boycotté le spectacle en n’assistant pas à la cérémonie télévisée.
« Notre boycott visait à leur ouvrir les yeux sur la musique rap, afin que l’année prochaine, un groupe de rap puisse se produire aux Grammys et que le prix soit télévisé, parce que la musique est suffisamment importante pour être diffusée dans cette émission », a déclaré Smith lors d’une interview accordée à Entertainment Tonight en 1989. C’est ce moment qui a influencé le boycott des Grammys par Jay-Z pendant six ans en 1998.
De retour après son boycott
En 2004, Jay-Z est revenu aux Grammys lorsque sa petite amie de l’époque (aujourd’hui sa femme), Beyoncé, a été nommée pour six Grammys. Elle a notamment reçu le prix de la meilleure collaboration rap/chanson pour leur duo Crazy In Love.
Il y a six ans, lors du gala pré-Grammy organisé par Clive Davis au Sheraton Times Square, Jay-Z a expliqué pourquoi il avait mis fin à son boycott, alors qu’il recevait le prix Industry Icons 2018. « En fait, j’ai boycotté les Grammys en 1998 », a-t-il déclaré. Il a précisé la raison pour laquelle il était revenu à la cérémonie de remise des prix : « Lorsqu’une belle jeune femme, que j’aime beaucoup, a eu un album solo et qu’elle a percé, elle a été nommée. La première fois que je suis revenu, six ans plus tard, c’était pour l’album Crazy in Love de la belle Beyoncé ».
Une industrie musicale plus inclusive
Au cours des 16 dernières années, Roc Nation, la société de divertissement de Jay-Z, a développé avec succès une infrastructure qui favorise et soutient le contrôle créatif et financier des artistes sur leur carrière. La liste des artistes de Roc Nation est variée et représente un large éventail de genres et d’ethnies. Des artistes noirs de renom tels que Megan The Stallion, Rihanna, Alicia Keys, Rapsody, J.Cole, Lil Uzi Vert, Benny the Butcher, Jadakiss, Moneybagg Yo et Jay Electronica y figurent.
Jay-Z a stratégiquement plaidé en faveur d’une plus grande inclusion des artistes noirs, en particulier dans le genre hip-hop, en tirant parti de sa position d’autorité dans l’industrie musicale pour promouvoir l’inclusion. En reconnaissant l’importance de la Recording Academy et en considérant l’histoire, le lauréat de plusieurs Grammy Awards pourrait potentiellement lancer un effort conscient en faveur d’une telle inclusion, en particulier au lendemain du 50e anniversaire de la culture hip-hop, en plein mois de l’histoire des Noirs.
Jay-Z a conclu son discours historique par un conseil essentiel à l’intention de ses contemporains : « Vous devez continuer à vous montrer jusqu’à ce qu’ils vous décernent tous les honneurs que vous estimez mériter. Jusqu’à ce qu’ils vous appellent président. Jusqu’à ce qu’ils vous appellent un génie. Jusqu’à ce qu’ils vous appellent le plus grand de tous les temps ».
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