Karim Benzema reprendra-t-il les chemins de la Saudi Pro League, le championnat d’Arabie saoudite, avec son club d’Al-Ittihad, le 7 février prochain, contre al-Ta’ee ?
La question se pose tant le Ballon d’or 2022, avec le Real Madrid, laisse planer le suspense depuis plusieurs semaines. Et, pour faire monter le niveau d’incertitude autour de sa fin de carrière, « KB9 » a fermé son compte Instagram depuis le 27 décembre…
Karim Benzema était attendu vendredi 12 janvier pour la reprise de l’entraînement du club avec lequel il a signé un contrat faramineux l’été dernier, mais il n’était pas présent. Officiellement, l’ancienne pointe des Bleus a été retardée sur l’île Maurice, où elle passait quelques jours de vacances en famille, par le cyclone Belal. Sauf que l’excuse a un goût amer pour l’équipe dirigeante d’al-Ittihad, qui avait déjà accordé un départ anticipé au natif de Lyon… Ce vendredi, L’Équipe cite des « proches » du joueur évoquant un retour du Français à l’entraînement « dans les prochains jours ».
À LIRE AUSSI Karim Benzema : un départ en légende et la promesse du jackpot saoudienMais alors, qu’est-ce qui cloche ? Comment expliquer ce spleen ? Les Saoudiens avaient pourtant misé sur le recrutement de Benzema, vu comme la seconde énorme « prise » aux championnats européens de football, après l’annonce de l’arrivée du Portugais Cristiano Ronaldo à l’hiver 2022.
Contre-performances
Sur le terrain, tout d’abord, les résultats sont loin d’être satisfaisants. Al-Ittihad a troqué son costume de champion en titre pour un statut de vilain petit canard, pointant à une piteuse 7e place du classement. « Il faut se rappeler que c’est l’un des quatre clubs rattachés au PIF, le colossal fonds d’investissement saoudien. Et les trois autres clubs occupent actuellement les trois premières places du classement », explique Kévin Veyssière, cofondateur du FC Geopolitics, sur X.
Les Jaune et noir ont été éliminés de la Coupe du monde des clubs par les Égyptiens d’al-Ahly le 15 décembre, puis ont été humiliés à domicile contre le grand rival saoudien, l’al-Nassr de Cristiano Ronaldo, justement. « Ces deux revers coup sur coup ont pu amener Karim Benzema à se poser quelques questions sur le réel niveau de jeu de son équipe et de la Ligue saoudienne en général », résume Kevin Veyssière.
D’autant plus que, malgré ses 12 buts inscrits depuis son arrivée, Benzema n’a pas encore convaincu l’ensemble de ses supporteurs. L’Arabie saoudite avait pourtant misé gros sur l’attaquant formé à l’Olympique lyonnais. « L’Arabie saoudite a beaucoup misé sur lui. Un départ de Benzema serait un énorme couac pour le royaume, qui doit continuer à attirer des stars pour porter son grand projet de développement sportif à long terme, avec en ligne de mire la prochaine Coupe du monde des clubs, organisée en 2025 par la Fifa, qui laissera beaucoup plus de place aux équipes en provenance de la confédération asiatique. »
« Riyad, ce n’est pas Dubai ! »
Après le mercato flamboyant de l’été dernier, le championnat saoudien subit un contrecoup cet hiver avec les premiers départs de ses vedettes recrutées à coups de millions. Pour Jean-Baptiste Guégan, spécialiste en géopolitique du sport, certains joueurs se sont heurtés à la réalité du pays. « Riyad, ce n’est pas Dubai ! Il faut se rendre compte que l’Arabie saoudite est un régime rigoriste et traditionaliste. Les Saoudiens étaient attendus sur deux éléments : le paiement des salaires, ce qui a été le cas, mais aussi la qualité d’adaptation. Sur ce point, il y a eu des réussites, comme Cristiano Ronaldo, mais la deuxième vague de joueurs semble avoir beaucoup plus de mal. »
L’Arabie saoudite a-t-elle voulu trop vite se rapprocher du soleil ? En réalisant des investissements massifs sans limites imposées, le Royaume a su attirer de gros noms mais n’a pas exploité ce phénomène, à l’image des audiences très faibles constatées en France. « Il faudra faire les comptes cet été, poursuit Jean-Baptiste Guégan : combien de joueurs arrivés lors du dernier mercato estival repartent ou restent ? L’Arabie saoudite est à son niveau, ce n’est pas un top championnat mais c’est comme la MLS et la Chine avant : il y a eu un effet d’annonce qui a attiré la lumière mais, ensuite, c’est rentré dans le rang. » Pour autant, la remise en question ne risque pas d’arriver de sitôt. Avec leur stratégie globale sur le sport, les dirigeants saoudiens ont su capter l’organisation de grands événements, à l’image de la Coupe du monde 2034.
S’il y a eu pour certains des problèmes d’intégration, dans le cas précis de Benzema, cela va encore plus loin. Pris à partie par ses propres fans, le Ballon d’Or 2022 a vu son état de grâce très vite s’envoler. « Les Saoudiens viennent acheter une prestation d’excellence. Ils ne voulaient pas seulement le nom mais aussi les performances précédentes du joueur. Benzema a pas mal marqué, mais on attendait de lui qu’il retourne la table comme a pu le faire Cristiano Ronaldo. Après, tout le monde n’est pas comme lui ! Malgré les millions, la situation n’est pas aussi favorable. Par exemple, Jordan Henderson, qui avait l’habitude d’Anfield à Liverpool, s’est retrouvé à jouer devant 600 personnes. C’est un sacré désaveu ! Ils ont négligé le décalage criant avec l’Europe. »
À 36 ans et après avoir eu une carrière très stable, à l’image de ses 14 saisons passées au Real, Benzema se retrouve donc pour la première fois dans la peau d’un quasi-indésirable. Les premières rumeurs ont afflué : un retour en Espagne ? Un prêt en Angleterre ? La porte semble ouverte pour un départ prématuré de l’ancien international français.
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KABDEL MEDIA