D’une manière générale, le Qatar a présenté le visage d’un pays tranquille où la sécurité n’est pas une vague notion, propre, et où les libertés individuelles sont respectées. « Pourvu que l’on respecte aussi notre culture », rappellent systématiquement les officiels qatariens, qui considèrent cette forme de réciprocité comme un équilibre satisfaisant. Il y a eu aussi un brassage de populations qui suscita des proximités heureuses. Entre supporteurs palestiniens et israéliens, russes et ukrainiens, par exemple. Un affichage en phase avec la volonté politique de Doha de jouer les médiateurs sur la scène internationale. « Sur de nombreux théâtres de conflits, nous maintenons une position équilibrée qui nous permet de parler à toutes les parties, nous a confié une source diplomatique qatarienne. Cela n’a pas toujours été facile mais nous sommes déterminés à jouer un rôle positif pour promouvoir tout effort de dialogue ou de médiation visant à mettre fin aux conflits de manière pacifique. » Cette position singulière permet à ce petit royaume ne comptant que 350 000 sujets (le pays compte 80 % d’étrangers sur les 2,6 millions d’habitants) d’exister fortement face aux potentielles menaces représentées par ses puissants voisins.
Il reste que le Qatar aimerait bénéficier d’un traitement plus favorable dans la presse occidentale, où l’on s’attarde plus volontiers sur son lobbying effréné au Parlement européen que sur ses récentes avancées politiques et sociales. Le Qatar a aboli récemment la Kafallah qui oblige les travailleurs étrangers à remettre leur passeport à leurs employeurs qatariens, les soumettant au bon vouloir de ces derniers, alors que cette disposition coranique existe toujours dans les autres pays de la région, même à Dubaï que l’on présente généralement comme l’émirat le plus ouvert. Le Qatar a par ailleurs injecté une respiration démocratique dans son système politique en décidant qu’une partie de ses représentants au Parlement soit élu par le peuple, à côté de ceux qui sont nommés par le pouvoir suprême. Ces thématiques-là sont rarement évoquées dans la presse internationale et le soft power du ballon rond n’y a rien changé.
KABDEL MEDIA