Lundi, la Grande Boucle arrivera en France. Les images des violences ne sont pas de nature à rassurer un certain nombre de participants, qui craignent des actions symboliques.
Par Nathan Joubioux pour Le Point

© ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
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Après deux étapes en Espagne, le Tour de France arrive en France, ce lundi 3 juillet. Jusqu’au dimanche 23 juillet, les 176 coureurs du peloton traverseront le Sud-Ouest, le Massif central, les Alpes et les Vosges avant de rejoindre Paris. Une traversée du pays en pleine révolte sociale après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir de policier après un refus d’obtempérer.
ASO, l’organisateur de la plus grande course cycliste du monde, apporte une « attention particulière » à ce qu’il se passe dans le pays. « Nous sommes en contact permanent avec le ministère de l’Intérieur », explique le directeur adjoint de la Grande Boucle, Pierre-Yves Thouault.
« On en parle à table entre coureurs »
Cédric Vasseur, manageur de Cofidis, qui s’avoue « attristé par les images que l’on voit », s’est dit « inquiet », dans Ouest-France. « La crainte est présente. On sent les coureurs quelque peu perturbés. Après l’étape, ils regardent les images. Ils se disent : “On va aller dans ce pays…” » Il affirme avoir « une totale confiance dans les organisateurs », mais ne cache pas sa crainte à l’idée que certaines personnes « cherchent à mettre le feu à des véhicules du Tour de France, cherchent à utiliser l’image de la Grande Boucle dans le monde entier ».
À LIRE AUSSITour de France : le Français Victor Lafay remporte la deuxième étapeDe leur côté, certains coureurs suivent avec attention les événements. C’est le cas de Matis Louvel, membre de l’équipe Arkéa-Samsic. « On a suivi un peu en regardant les réseaux sociaux. Je suis originaire de Rouen, il y a eu un décès à Petit-Quevilly, quelqu’un est tombé du toit d’un supermarché. Le restaurant d’un proche a été cassé aussi », ajoute-t-il.
« Bien sûr qu’on suit l’actualité française, même si on est dans une bulle et qu’on est un peu déconnectés de ça », confirme, pour sa part, Benoît Cosnefroy. « On en parle à table entre coureurs. On trouve ça un peu fou de l’extérieur. On voit des scènes qu’on ne pensait pas voir en France un jour. »
Quelles conséquences sur le Tour ?
Si l’arrivée à Paris est encore loin, le passage dans certaines grandes villes, comme Bordeaux, laisse perplexe Cédric Vasseur. « Quand on voit ces images [des émeutes, NDLR], on se dit que si l’arrivée avait lieu demain à Paris, il serait fort probable que la préfecture annule l’étape, car on ne peut pas lancer la course avec tous les spectateurs. Quand on voit que le concert de Mylène Farmer est annulé, on se dit que c’est grave. On est tous dans l’attente de mesures fortes. »
Pour autant, il ne souhaite pas penser à une annulation d’étape ou à un arrêt de la compétition. « Je pense que la Grande Boucle n’a jamais été arrêtée. Elle a traversé plein de tempêtes, et va encore en connaître », avance-t-il. « Je pense que l’État français va tout faire pour que la Grande Boucle arrive à Paris. Et même s’il y arrive, ça ne sera pas une victoire. La situation est hyper grave. Il faut traiter le problème en profondeur. »
L’arrivée de la première étape à Bilbao, en Espagne, a été une fête. « On doit se battre afin que le Tour reste une fête », conclut-il.
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