Entreprise | Le salaire moyen d’un dirigeant d’une des sociétés de l’indice phare de la Bourse de Paris était de plus de 6,6 millions euros en 2022, en augmentation de 27% depuis 2019.
Un écart abyssal. Selon la dernière étude réalisée par Oxfam, les dirigeants des entreprises du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 plus que leurs salariés en 2022, en hausse de près de 19% depuis 2019. Pour arriver à ces résultats, l’ONG a calculé en divisant, entreprise par entreprise, la masse salariale par le nombre d’employés. En 2022, les PDG des entreprises du CAC 40 ont amassé un revenu moyen de plus de 6,6 millions d’euros contre 5,3 millions d’euros en 2019. Soit une augmentation de 27% en trois ans. Sur la même période, les salariés du privé ont vu leur salaire augmenter de 9%, note Oxfam.
L’ONG souligne que cet écart est en augmentation depuis près de 45 ans, avec une nette accélération ces dernières années. Pour rappel, la rémunération des PDG de l’indice phare de la Bourse de Paris correspondait à 40 fois le smic en 1980. Un chiffre alors similaire aux recommandations de l’industriel Henry Ford, qui prônait un écart de 1 à 40 entre le salaire le plus haut et le salaire le plus bas, au début du XXe siècle.
Parmi ces sociétés françaises, certaines creusent l’écart plus que d’autres. Comme en 2021, Teleperformance est l’entreprise qui affiche le plus grand écart de rémunération. Son PDG, Daniel Julien a gagné 1 453 fois plus que la rémunération moyenne des employés. Vient ensuite, avec un écart de 426, Carrefour, dirigé par Emmanuel Bompard qui « gagne en seulement 9 heures l’équivalent du salaire annuel moyen » des employés de son entreprise. Sur la dernière marche du podium s’installe Stellantis, dont la rémunération de son PDG Carlos Tavares en 2023 a fait couler beaucoup d’encre. A l’inverse, six entreprises affichent une différence inférieure à 40 fois (Société Générale, Thalès, Orange, Unibail Rodamco, Eurofins Scientific, Crédit Agricole).
Inégalité salariale femmes/hommes plus importante que dans le reste du privé
« Comment la rémunération des dirigeants parvient à passer les crises inflationnistes voire à augmenter ? », s’interroge Oxfam qui y voit les conséquences du cadre de gouvernance de ces entreprises du Cac 40 et la structure de rémunération des PDG. En effet, les salaires de ces derniers sont décidés et validés par un comité d’actionnaire dans la plupart des sociétés de l’indice phare. « La rémunération totale des patrons du CAC 40 en 2022 était indexée à 19 % sur la satisfaction des actionnaires, contre seuls 5% sur les objectifs climatiques », fait valoir l’ONG. En clair, plus les objectifs de profits des personnes au capital d’une société sont atteints, plus grosse sera l’enveloppe remise au PDG. Au vu des montants records redistribués aux actionnaires en 2022 – 80,1 milliards d’euros sous forme de dividendes et de rachats d’actions selon la lettre financière Vernimmen -, rien d’étonnant à voir les rémunérations des dirigeants s’envoler.
Même parmi les émoluments les plus élevés, les inégalités entre hommes et femmes sont flagrantes. Seulement, deux femmes occupaient le poste de dirigeante en 2022. Elles ont gagné en moyenne 2 854 124 euros. Soit 2,4 fois moins que leurs homologues masculins. Un chiffre dix fois supérieur à l’écart moyen dans l’ensemble du secteur privé en France. Selon l’Insee, le revenu salarial moyen des femmes était pourtant inférieur de 23,5% à celui des hommes. Ces écarts de salaires persistent dès lors qu’on zoome sur l’ensemble des plus hautes rémunérations de l’entreprise. « 8 entreprises sur 10 du CAC 40 n’ont pas plus de 3 femmes parmi leurs 10 employés les mieux payés », soulignent Oxfam.
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