Bien que le secteur bancaire ressente encore les effets d’une série de faillites survenues au printemps dernier, le nombre de banques figurant dans le classement Forbes Global 2000 est passé de 302 l’année dernière à 315 cette année.
Un article de Emily Mason pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
Au début de l’année 2024, les banquiers ont fait preuve de prudence après les faillites retentissantes de plusieurs banques régionales, dont la Silicon Valley Bank et la First Republic, survenues au printemps dernier. Cependant, la New York Community Bank a ravivé leurs espoirs.
La New York Community Bank (NYCB) a été vue comme l’une des rares gagnantes de la crise bancaire lorsqu’elle a racheté Signature Bank en faillite, une opération qui l’a propulsée dans la catégorie des banques plus fortement réglementées en raison de ses actifs dépassant les 100 milliards de dollars. Un an plus tard, NYCB a dû annoncer une forte réduction de son dividende sous la pression réglementaire, qui l’obligeait à augmenter ses réserves de liquidités pour compenser son important portefeuille de biens immobiliers commerciaux. Les actions de NYCB ont alors chuté de 38 % en une seule journée avant de recevoir un milliard de dollars en capitaux propres de la part d’investisseurs, dont Liberty Strategic Capital de l’ancien secrétaire au Trésor américain Steven Mnuchin, Hudson Bay Capital et Reverence Capital Partners. Ces turbulences ont fait chuter NYCB de plus de 500 places, la plaçant à la 1464e position du classement Forbes Global 2000 de cette année, qui répertorie les plus grandes entreprises publiques mondiales.
« La New York Community Bank a ravivé les échecs de l’année dernière et les inquiétudes concernant la liquidité, les dépôts et la concentration de l’immobilier commercial », a déclaré Chris McGratty, responsable de la recherche sur les banques américaines chez KBW.
Les banques américaines et chinoises dominent le top 10
En dépit des turbulences provoquées par la faillite de la NYCB, les banques et autres sociétés financières continuent de figurer parmi les entreprises les plus performantes du classement Forbes Global 2000. En 2024, ce classement inclura plus de 300 banques, avec les institutions financières américaines et chinoises représentant la moitié des 10 premières places.
JPMorgan Chase retrouve la première place du classement mondial en 2024, remontant de la quatrième position qu’elle occupait il y a deux ans, grâce à l’acquisition de First Republic, qui a évité l’insolvabilité. Ses actifs s’élèvent à 4 000 milliards de dollars. Bank of America a progressé d’une place et occupe désormais le cinquième rang, avec 3 300 milliards de dollars d’actifs. La Banque industrielle et commerciale de Chine, qui possède 6 600 milliards de dollars d’actifs, est passée de la troisième place l’année dernière à la quatrième. Deux autres banques chinoises se sont classées parmi les dix premières : China Construction Bank (5,4 billions de dollars d’actifs) et Agricultural Bank of China (5,8 billions de dollars d’actifs).
Sept banques américaines figurent parmi les 50 premières. Bank of America est passée de la 6e à la 5e place avec 3,3 trillions de dollars d’actifs ; Wells Fargo (1,9 trillion de dollars d’actifs) a grimpé d’une place pour atteindre la 16e position ; Citigroup (2,4 trillions de dollars d’actifs) est tombée de la 24e à la 28e place ; Goldman Sachs (1,7 trillion de dollars d’actifs) a dépassé Morgan Stanley, passant de la 33e à la 23e place ; et Morgan Stanley (1,2 trillion de dollars d’actifs) a progressé de la 30e à la 26e position en 2023.
L’un des plus grands gagnants parmi les banques américaines est la First Citizens Bank de Caroline du Nord, qui est passée de la 816e à la 376e place après avoir doublé de taille en rachetant la Silicon Valley Bank l’année dernière. La banque familiale First Citizens possède des actifs de plus de 200 milliards de dollars.
Si les banques américaines sont bien représentées au sommet, les investisseurs ne sont pas encore totalement convaincus de la force des petites banques. À l’heure actuelle, le S&P 500 a progressé de 14 % depuis le début de l’année, tandis que le SPDR S&P Regional Banking ETF a chuté de 9 %. L’indice KBW Nasdaq Bank, qui suit les grandes banques comme Bank of America et Capital One, affiche une hausse à un chiffre depuis le début de l’année.
La baisse des actions peut être le résultat d’une perspective réglementaire incertaine pour 2024. La proposition de Bâle III Endgame, toujours en suspens, pourrait peser sur le compte de résultat des grandes banques en les obligeant à détenir plus d’argent, au lieu de le prêter, par exemple, pour se prémunir contre des pertes potentielles. Malgré plusieurs retards, les règles de Bâle devraient être finalisées cette année et entrer en vigueur en 2025.
« La plupart de ces règles s’adressent aux plus grandes banques, celles qui pèsent plus de 100 milliards de dollars, mais elles ont des répercussions sur l’ensemble du système », explique M. McGratty de KBW. « Lorsqu’une banque atteint près de 100 milliards de dollars d’actifs, le marché commence à anticiper qu’elle devra éventuellement respecter les règles en vigueur pour les institutions centenaires. Cette anticipation nous pousse à envisager les scénarios les plus pessimistes dès maintenant. Plus la taille des actifs est importante, plus il y a un risque d’effet domino. »
En dehors des États-Unis et de la Chine, la société britannique HSBC Holdings a dépassé la société française BNP Paribas en tant que première banque européenne avec 3 000 milliards de dollars d’actifs. Bien qu’elle ait perdu du terrain par rapport à HSBC, BNP Paribas a gagné une place, passant de la 33e à la 32e place l’année dernière. La banque espagnole Santander est passée de la 49e place en 2024 à la 36e place. Mitsubishi UFJ Financial a repris sa place devant Sumitomo Mitsui Financial en tant que plus grande banque du Japon avec des actifs dépassant les 2 000 milliards de dollars, en se positionnant à la 39e place, contre la 91e place l’année dernière. Sumitomo Mitsui Financial Group a également progressé de 22 places pour atteindre le 63e rang.
Au total, 315 banques figurent dans le classement Forbes Global 2000 cette année, contre 302 l’année dernière.
Le classement Forbes Global 2000 a été établi en utilisant les données de FactSet Research pour sélectionner les plus grandes sociétés cotées en bourse selon quatre critères : les ventes, les bénéfices, les actifs et la valeur de marché. Les calculs de la valeur de marché utilisent les prix de clôture au 17 mai 2024 et incluent toutes les actions ordinaires en circulation.
À lire également : Société Générale : pas de possibilité de fusion avec d’autres banques européennes selon son DG
KABDEL MEDIA
