Vingt-cinq ans après le début de l’affaire Festina, Willy Voet, interpellé avant le Tour 1998 avec le coffre chargé de produits dopants, n’est pas tendre avec Bruno Roussel, l’ancien patron de l’équipe, et Richard Virenque, son soigneur.
Willy Voet n’a rien oublié. Pouvait-il en être autrement ? « Je resterai marqué à vie par cette histoire », a-t-il reconnu sans peine à L’Avenir, à l’occasion du 25e anniversaire de ce contrôle douanier qui allait être à l’origine de l’affaire Festina, restée dans les mémoires comme l’un des plus gros scandales de l’histoire du Tour de France.
Le 8 juillet 1998, le soigneur de la Festina était interpellé par les douanes à la frontière franco-belge avec le coffre de sa voiture remplie de produits dopants. Plus de 400 flacons de produits dopants et stupéfiants (235 ampoules d’EPO, 120 capsules d’amphétamines, 82 solutions d’hormone de croissance, 60 flacons de testostérone et des corticoïdes) sont découverts dans des sacs isothermes. L’affaire Festina débute. Pendant plusieurs jours, le soigneur nie les faits.
Tout le monde m’a laissé tomber à ce moment-là
« Je ne voulais pas passer pour une balance auprès de l’équipe. J’attendais que le patron, Bruno Roussel, le fasse. Mais c’était très difficile parce qu’à la fin de chaque interrogatoire, le policier déchirait ma déclaration et on recommençait depuis le début », a-t-il raconté, ajoutant: « Le Tour de France est arrivé dans l’Hexagone et Bruno Roussel, le patron de l’équipe, ainsi que le docteur Rijckaert ont été arrêtés. (…) J’ai alors assuré au juge d’instruction que si eux ne disaient rien à ce moment-là, je le ferais. À la confrontation, Roussel a tout déballé… et moi aussi. Moi, je ne voulais pas parler avant mon patron.»
Celui qui passa un mois en prison et y perdit pas moins de 14 kilos regrette d’ailleurs cette loyauté. « Avec du recul, c’était naïf de ma part parce qu’ils voulaient tous se couvrir. Durant mes trois jours de garde à vue, Roussel a téléphoné à ma femme pour lui demander que je prenne tout sur moi, a-t-il expliqué. Heureusement, ma femme lui a raccroché au nez. » Mais Bruno Roussel n’est pas le seul à qui en veut Willy Voet. Il en est de même de Richard Virenque, le leader de l’équipe, qui nia les fait jusqu’au procès, à l’automne 2020.
« Tout le monde m’a laissé tomber à ce moment-là, a-t-il soufflé. Ce qui est révoltant, c’est que j’ai fait tout ça pour eux. Ils ont gagné plein de pognon grâce à moi. J’ai même payé des amendes pour eux et je leur ai trouvé des jolies femmes quand ils le demandaient. En remerciement, ils m’ont laissé tomber comme s’ils ne me connaissaient pas. »
KABDEL MEDIA
