Officialisé ce mercredi comme nouvel entraîneur du Paris Saint-Germain, l’Espagnol arrive pour remettre de l’ordre dans le vestiaire avec ses convictions.
Par Adrien Mathieu

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Depuis l’arrivée du Qatar aux commandes du PSG en 2012, c’est déjà le huitième entraîneur à prendre place sur le banc parisien. Après l’échec Christophe Galtier, Luis Enrique a été intronisé pour reprendre en main une formation qui a remporté le titre en Ligue 1, mais a encore déçu sur la scène européenne en mars dernier.
Un entraîneur habitué à la « folie médiatique »
Sans poste depuis son départ de la sélection espagnole après la dernière Coupe du monde au Qatar, le technicien de 53 ans va devoir mettre les mains dans le cambouis en arrivant dans la capitale. Avec une direction affaiblie, des joueurs en perte de repères et l’objectif Ligue des champions pas encore atteint, Luis Enrique débarque dans un contexte incertain. Il s’est engagé jusqu’en 2025 avec le PSG.
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Le Paris Saint-Germain est heureux d’annoncer la nomination de Luis Enrique au poste d’entraîneur principal de son équipe professionnelle.
Le technicien espagnol s’est engagé sur un contrat de deux saisons. ����#WelcomeToParisLuisEnrique
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) July 5, 2023
Cependant, son vécu d’entraîneur avec la Roja, l’AS Rome mais surtout au sein du FC Barcelone peut plaider en sa faveur. Pour Tracy Rodrigo, correspondante de L’Équipe en Espagne, ce choix s’impose même comme une évidence. « Cela fait deux ans que je milite en disant que Luis Enrique pourrait être l’homme idéal pour le Paris Saint-Germain. Il coche pas mal de cases, il a déjà gagné la C1, c’est un entraîneur qui a connu de grandes stars et des vestiaires imposants. Il connaît bien les gros ego, et sait comment les gérer. Au Barça, il a aussi dû travailler avec une direction qui a parfois effectué de mauvais choix. Enfin, avec l’Espagne, c’était la folie médiatique qui ne le lâchait jamais. Il sait composer avec tout ça. »
Si certains trouvent la presse française omniprésente et trop sévère, il faut en effet comparer avec les médias espagnols qui n’ont pas été tendres avec Luis Enrique. Entre le clivage Real Madrid-FC Barcelone et les reproches sur le style de jeu pratiqué par son Espagne pendant quatre ans, l’ancien milieu de terrain n’a pas été épargné. Ce qui ne l’a jamais fait dévier de son cap. « C’est un très gros caractère, poursuit Tracy Rodrigo. Il est imperméable à la pression, mais dans le passé, il a su s’adapter à des situations complexes. À ses débuts au Barça, avec Lionel Messi, la relation se passait mal. Il a su mettre de l’eau dans son vin pour arranger ça. »
Neymar à la relance ? Un de ses plus gros défis
Gérer des ego, c’est justement l’une des principales missions qui attend Luis Enrique dans la capitale. Le vainqueur de la Ligue des champions 2015 va notamment devoir s’occuper de Kylian Mbappé, dont l’avenir s’écrit en pointillé. Si Lionel Messi a déjà fait ses valises, l’entraîneur ibérique va retrouver à Paris un joueur qu’il connaît bien, à savoir Neymar. Sera-t-il l’homme capable d’enfin relancer le Brésilien ? Alors que Luis Campos cherche activement une porte de sortie au joueur le plus cher de l’histoire, Luis Enrique voudrait au contraire compter sur lui.
L’ancien milieu de terrain peut-il être ce fameux entraîneur capable de parler à l’oreille des stars et de créer une dynamique collective ? Par le passé, à Barcelone, il a loué à plusieurs reprises Neymar. « Sa manière de comprendre et d’interpréter le football est très différente du reste des joueurs, un peu comme d’autres Brésiliens. Il fait tout à une vitesse folle. Parfois, ce sont de vrais ballets de danse, des ballets exceptionnels, bien plus que de simples dribbles de football. » Si beaucoup d’entraîneurs ont tenté à Paris de capitaliser sur Neymar, l’ancien coach de la Roja présente l’avantage de le connaître en amont et d’avoir déjà su gagner avec lui.
Il s’est éloigné du traditionnel tiki-taka
Tactiquement, l’étiquette d’entraîneur tiki-taka qui colle à l’Espagnol est révolue. Luis Enrique n’est pas un dogmatique et s’acclimate à l’effectif dont il dispose. « Avec l’Espagne, ses atouts forts étaient ses milieux de terrain, il a misé sur un jeu de contrôle et ça a marché : quand il fait demi-finale à l’Euro 2021, personne ne s’y attendait, quand on connaît le vivier espagnol, c’était le bon plan. Mais à Barcelone il s’est éloigné de Guardiola, l’objectif, c’était de transmettre le ballon le plus vite possible au trio Neymar-Suarez-Messi, afin qu’il réalise les différences. Luis Enrique n’est pas arrêté sur ses idées », conclut Tracy Rodrigo.
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Ce n’est donc pas une révolution qui attend le PSG, mais bien une reconstruction. Luis Enrique, comme ses prédécesseurs, espère avoir les mains libres et surtout du temps pour façonner une équipe à son image. Avec les arrivées attendues de Milan Skriniar, Lucas Hernandez, Marco Asensio, Manuel Ugarte et Lee Kang-in, en plus de son nouvel entraîneur, le club de la capitale démarre sa nouvelle ère avec l’ambition de ne pas revivre une saison aussi frustrante que l’an passé.
KABDEL MEDIA