Le présidente du groupe Mozilla, Mitchell Baker, présente au salon VivaTech, revient pour Forbes sur les ambitions du géant en termes de sécurité numérique pour les utilisateurs.
Forbes France : Quelle est la raison de votre venue à VivaTech ?
Mitchell Baker : Premièrement, il est important de rappeler que nous n’avons pas de stand, donc nous n’essayons pas de promouvoir nos produits. Nous voulions être à Paris parce que nous espérons participer activement au sommet français sur l’IA. C’était une façon d’être présent à VivaTech, de parler aux parties prenantes. Nous voulons évoquer la technologie et son impact sur la démocratie, l’intérêt public, la société et la manière dont nous envisageons cela.
Quel est votre perception de l’écosystème français de la tech ?
M.B: La situation est très différente de celle d’il y a dix ans, quand Station F a commencé. À l’époque, cela semblait être une idée radicale et c’était un peu surprenant. Et pourtant, aujourd’hui, vous pouvez voir que c’est une organisation bien établie. Elle répond à la plupart des besoins d’un entrepreneur, depuis le logement jusqu’à la technologie et au développement technologique. Je dirais donc qu’en France, on observe une attention vraiment sérieuse, concertée et approfondie sur la manière de soutenir un écosystème d’innovation. Il faut beaucoup de temps pour construire une culture solide qui permette l’expérimentation, l’échec, l’identification des leçons tirées de l’échec, et l’investissement dans ces personnes une seconde fois. Je pense donc que les dix dernières années ont été marquées par d’importants progrès.
Quels sont les objectifs de Mozilla ?
M.B : Notre principal domaine stratégique pour cette nouvelle ère est de mieux combiner les activités d’intérêt public et les activités basées sur le marché. Nous avons une plus longue histoire d’activités caritatives et de travaux d’intérêt public, et une longue histoire de produits et de services. Récemment, nous nous sommes développés en ajoutant une branche d’investissement, Mozilla Ventures, en nous concentrant davantage sur l’IA.
Au sein de notre espace produit, nous nous concentrons sur la manière dont les gens s’engagent aujourd’hui. Comment veulent-ils s’engager aujourd’hui dans le monde de l’information ? Comment cela peut-il être riche et passionnant tout en étant sécurisé ? Premièrement, est-ce que nos utilisateurs veulent utiliser l’IA ? À l’heure actuelle, Microsoft et Google combinent leur navigateur et leur expérience de l’IA. Mais il n’y a aucune raison pour qu’il en soit ainsi. Dans Firefox, vous verrez l’exploration de notre base, le choix du consommateur et les options multiples dans le monde de l’IA. Ainsi, si vous avez un LLM, un abonnement ou une façon de vous engager, vous pourrez l’apporter et l’utiliser dans Firefox.
Nous portons une attention accrue aux produits de protection de la vie privée et de sécurité. Qu’advient-il de vos données ? Comment gérer votre identité numérique ? Dans ce domaine, nous sommes depuis longtemps la référence en matière d’engagement dans les technologies web.
Pourquoi avez-vous choisi de vous engager sur ces questions de sécurité numérique ?
M.B : Nous pensons que la protection de la vie privée est de plus en plus importante dans le monde. La vie privée, c’est aussi la sécurité. Parfois, nous pourrions penser que cela ne nous concerne pas car nous estimons n’avoir rien à cacher. Mais notre sécurité globale dépend fortement de qui sait quoi sur nous et de ce qu’il peut en faire. Si on n’est pas attentif à sa sécurité numérique, quiconque peut connaître votre parcours physique jusqu’à votre domicile, si vous rentrez à pied ou non, l’endroit où vous garez votre vélo, l’endroit où se trouve votre porte d’entrée. Nous considérons donc qu’il s’agit d’un élément essentiel, même si la majorité des personnes vivent leur vie sans se soucier de cela.
Votre engagement sur la sécurité numérique peut-il vous permettre de vous différencier de vos concurrents ?
M.B : Au fur et à mesure que les données et la vie privée prennent de l’ampleur, cela pourrait devenir un point plus important.. Jusqu’à présent, cela ne suffit pas à contrer la distribution massive. Même si vous installez Firefox sur un appareil, c’est parfois difficile parce que le système d’exploitation ne l’ouvre pas par défaut. Par exemple, vous êtes sur votre ordinateur, vous cliquez sur un lien dans une application, et cela ouvre un autre navigateur. L’intérêt que vous portez à la vie privée ne règle pas le problème. Quand le système d’exploitation ouvre le navigateur par défaut, pas celui que préfère l’utilisateur, il doit copier le lien, l’ouvrir dans Firefox. C’est beaucoup de travail.
Où vous situez-vous actuellement par rapport à vos concurrents ?
M.B : Prenons notre navigateur Firefox, qui est clairement en concurrence avec Chrome. Leurs équipes sont beaucoup plus grandes que nous. Lorsque Chrome est sorti, j’étais d’accord pour dire que c’était un meilleur navigateur. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Vous pouvez regarder la vitesse, les performances, les normes, la sécurité, nous sommes en tête à bien des égards. Pourtant, la part de marché de Firefox a diminué au cours des dernières années.
Si Chrome est devant nous actuellement, c’est parce qu’une grande partie des ordinateurs ne sont pas livrés avec Firefox comme navigateur par défaut. Google tire partie de l’avantage de distribution de certains grands acteurs de produits électroniques. Même si nous continuons à travailler dessus, à construire un excellent produit et à chercher des moyens de le différencier; il est très difficile, en tant que petite organisation indépendante, de rivaliser à long terme avec nos concurrents. Mais nous constatons qu’il y a un ensemble de personnes qui s’intéressent aux choses que fait Firefox, qui s’intéressent aux titres, qui s’intéressent à notre approche de la technologie. Nous sommes toujours là et nous continuons à prospérer, mais c’est un jeu difficile.
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