Munich. L’Olympiastadion. La tête de Boli. Deschamps tenant à bout de bras un trophée aussi grand que lui. Marseille. La folie du retour au Vélodrome. A jamais les premiers. Un slogan pour l’éternité. Cette histoire, les moins de 30 ans la connaissent. Mais ne l’ont pas vécue. Et, autant jouer cartes sur table, ils ne sont pas certains d’expérimenter pareille aventure de leur vivant. Vous avez dit pessimisme ? Réalisme, assurément.
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L’OM de 1993 est une exception. Une formidable exception au cœur d’une poignée d’années où la France et ses clubs pesaient véritablement. Une anomalie au cœur de décennies passées à regarder les autres soulever de l’argenterie quand elle perdait toutes ses finales, ou presque. Seize finales, quatorze revers.
Un problème culturel
On pourra arguer que chacune possède une histoire propre et que le vent tourne rarement dans le sens du football français quand il tutoie les sommets. Mais pour une histoire poteaux carrés, combien de rendez-vous manqués ?
Le coup de tête de Jacques Santini (Saint-Etienne) heurte la barre de la cage du Bayern Munich lors de la finale de la Coupe des Clubs Champions 1976
Crédit: AFP
Dans un monde rêvé, la France aurait déjà décroché une autre C1, depuis Munich. Au pire, offert à l’Hexagone une petite sœur à la Coupe des coupes gagnée par le PSG en 1996, au terme d’une saison où il avait placé deux clubs en finales européennes (ndlr : Bordeaux s’était hissé en finale de la Coupe de l’UEFA). Mais la décennie 90, celle où la France s’était calée au chaud derrière l’Italie à la deuxième place du coefficient UEFA, ne serait qu’une oasis de fraîcheur. Parce que le chant du cygne retentissait déjà. Et l’arrêt Bosman s’apprêtait à tout balayer.
Jean-Marc Bosman est responsable de beaucoup de choses, de la dérégulation du football continental, déjà. Mais on ne peut le tenir comptable du marasme du foot hexagonal depuis 1997. Parce qu’un quart de siècle plus tard, il n’est par exemple pas pour grand-chose dans les échecs répétés et précoces du Paris Saint-Germain en Ligue des champions. Pour Paris, Bosman est au mieux un détail.
La France a un problème culturel avec la Coupe d’Europe. Elle l’a eu avec la gagne qui, longtemps, n’était pas l’essence de sa motivation. Le voyage avait autant de valeur que la destination. Et puis, au cœur d’années 80 traversées par les clubs du cru sans aucune finale européenne, la bande à Platini a montré que gagner, l’Euro 1984 en l’occurrence, c’était pas mal, aussi. Et puis Bernard Tapie, et puis l’OM, et puis Canal avec le PSG, ainsi que le savoir-faire de certains orfèvres, comme l’AS Monaco, ou des artisans comme l’AJA de Guy Roux ont donné du lustre au pays durant une décennie riche comme aucune autre.
Le PSG, vainqueur de la C2 1996
Crédit: Getty Images
La France du football a un aussi un souci avec la perception qu’elle a d’elle-même et l’image d’excellence qu’elle pense renvoyer. Elle se voit comme un grand d’Europe qu’elle n’est pas, qu’elle n’a jamais été. Longtemps, elle a snobé les « petites » Coupes d’Europe pour se rêver un destin doré, post-Marseillais, en Ligue des champions. Sans en avoir les moyens. Le talent ? Elle ne l’a jamais très longtemps. Parce que celui-ci, rapidement cédé au plus offrant, n’est qu’une variable d’ajustement de budgets en souffrance.
Rendez-vous en 2053 ?
L’autre ritournelle, qui consiste à hisser la Ligue 1 parmi les happy few du continent, au sein d’un « Top 5 des grands championnats » ou d’un pompeux « Big 5 », ne sert pas plus sa cause. Certains justifient l’expression par son acception économique. C’était à peine recevable il y a dix ans. Ce n’est plus audible du tout. Il n’y a qu’à se pencher sur les finances d’un foot français, victime d’un crash historique en croyant au miracle du milliard. Il a cru bon se vendre à un fonds d’investissement qui rappellera bien assez tôt aux acteurs concernés qu’il n’a pas mis ses billes par amour de la philanthropie. Vite, les acteurs de L1 découvriront que la fuite en avant et le slogan made in Coué « ça ira mieux demain » a ses limites quand le jour d’après se lève. Ce qui finit toujours par arriver.
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« Notre football est très autocentré. Il a une vision franco-française depuis une quinzaine d’années, sans culture européenne. La plupart des clubs sont historiquement focalisés sur le classement national et les revenus issus des droits domestiques. Ils ont souvent balayé les enjeux et les perspectives internationales, sans jamais faire des performances européennes une priorité. On paye cela avec des résultats en dents de scie. »
Arrêter de se scruter le nombril, lever la tête du guidon et regarder un peu plus loin : le diagnostic est bon. En revanche, le remède proposé, le fonds CVC ou l’acceptation silencieuse de la satellisation des clubs français par des clubs étrangers, ne semble pas de nature à améliorer la santé du patient français. Le 26 mai 1993 a encore de beaux jours devant lui. Rendez-vous le 26 mai 2053.
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