Philipsen était trop rapide

Jasper Philipsen n’a pas laissé passer l’occasion. Vainqueur de la dernière étape du Tour de France 2022 sur les Champs-Elysées, le sprinteur de l’équipe Alpecin-Deceuninck a repris ses bonnes habitudes en se montrant intraitable à Bayonne pour remporter le premier sprint de l’édition 2023. Sur un parcours de 193,5 kilomètres entre Amorebieta-Etxano et Bayonne, rallongé ce samedi pour des raisons de sécurité, le scenario a été classique avec une échappe qui est partie très tôt. Après avoir été aux avant-postes lors des deux premières étapes, son maillot à pois en témoignant, Neilson Powless n’en avait pas assez.

Le coureur de l’équipe EF Education-EasyPost n’a pas attendu trois kilomètres pour sortir du peloton. Mais, alors qu’il attendait sans doute de voir un groupe large se former autour de lui, l’Américain n’a vu que le seul Laurent Pichon le suivre dans cette aventure. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, ce duo s’est lancée dans une échappée au long cours sur cette troisième étape de la Grande Boucle. Le peloton a très vite laissé faire, avec les équipes de sprinteurs qui ont calmé le jeu. L’écart a pu dépasser la minute avant la Côte de Trabakua, première difficulté du jour, qui a vu Neilson Powless prendre deux points de plus. L’Américain a fait de même au sommet de la Côte de Milloi, avec un point pour récompenser ses efforts.

Powless conforte son maillot à pois

Alors que Tadej Pogacar a été victime d’une crevaison et a retrouvé le peloton sans s’affoler, l’écart entre la tête de course et le peloton a flirté avec les trois minutes, sans jamais dépasser cette barre. Echange de bon procédé, c’est Laurent Pichon qui a pris le maximum de points au sprint intermédiaire tracé à Deba. Dans le peloton, Victor Lafay s’est mis en tête de défendre le maillot vert pris ce dimanche après son succès à Saint-Sébastien. Le coureur de l’équipe Cofidis a anticipé le sprint pour aller chercher les quinze points de la troisième place quand Mads Pedersen a devancé Jordi Meeus et Biniam Girmay pour la quatrième position.

Ce qui a fait quelque peu accélérer le peloton, qui s’est sensiblement rapproché de l’échappée avant de calmer le jeu et laisser de nouveau 2’30’’ d’avance aux deux fuyards. Dans la foulée de ce sprint intermédiaire, Neilson Powless a poursuivi sa moisson de points avec deux supplémentaires pris au sommet du Col d’Itziar. Après Tadej Pogacar plus tôt dans l’étape, c’est Wout Van Aert qui a dû faire un arrêt inopiné pour régler un souci mécanique. Dernière difficulté du jour, située à 90 kilomètres de la ligne d’arrivée, la Côte d’Orioko Benta a vu Neilson Powless ajouter deux derniers points et conforter le maillot à pois qu’il portera à nouveau ce mardi au départ de Dax.

Pichon a poussé jusqu’au bout

Au terme de la descente, il est apparu évident que l’échappée allait s’achever pour l’Américain. Après avoir salué Laurent Pichon et embarqué du ravitaillement pour ses coéquipiers, Neilson Powless a coupé son effort pour réintégrer le peloton et laissé le membre de l’équipe Arkéa-Samsic seul à l’avant. Ce dernier a alors compté 2’15’’ d’avance sur un adversaire qui n’a eu de cesse de temporiser depuis le départ. A 75 kilomètres de l’arrivée, les incidents successifs concernant Caleb Ewan, Alexey Lutsenko ou encore Rui Costa ont fait revenir le spectre d’une route jonchée de clous, le parcours de cette troisième étape empruntant une partie du parcours emprunté ce dimanche, avec notamment la ligne d’arrivée à Saint-Sébastien qui a été passée en sens inverse.

Au moment de traverser la Bidasoa et de revenir en France, Laurent Pichon comptait encore deux minutes d’avance. Mais la donne semblait clair pour le doyen des coureurs français sur cette 110eme édition du Tour de France. Sous l’impulsion des équipes de sprinteurs, le peloton a haussé l’allure et fait fondre à vitesse grand V son retard sur le natif de Quimper, qui a pu compter sur des mots d’encouragements de son épouse au travers de la radio. Ne comptant plus qu’une minute d’avance à 50 kilomètres de la ligne d’arrivée, le coureur de l’équipe Arkéa-Samsic n’a pas tenu plus de quinze bornes supplémentaires.

Philipsen pourra remercier van der Poel

Il s’est fait absorber par un peloton désormais tourné vers l’explication finale dans les rues de Bayonne. Laurent Pichon n’a pas tout perdu puisqu’il a été élu combatif du jour grâce à ses 156 kilomètres passés à l’avant de la course et portera le dossard désormais doré ce mardi. Les trains se sont progressivement mis en place pour protéger les sprinteurs appelés à faire parler leur pointe de vitesse mais également les candidats à la victoire finale comme Jonas Vingegaard, emmenant le peloton à vive allure jusqu’à l’arrivée. Une fois la banderole des trois derniers kilomètres passée, ces derniers ont cédé la place aux sprinteurs, avec notamment la Soudal-Quick Step qui a pris ses responsabilités pour Fabio Jakobsen. Kasper Asgreen n’est toutefois pas passé loin de provoquer une chute peu après la flamme rouge.

Mathieu van der Poel a ouvert la voie dans la dernière ligne droite pour déposer Jasper Philipsen dans le meilleures conditions. Toutefois, ce dernier semble avoir tassé un Wout Van Aert qui a coupé son effort. Le sprinteur de l’équipe Alpecin-Deceuninck signe son troisième succès d’étape sur la Grande Boucle devant Phil Bauhaus et Caleb Ewan. Une victoire qui a été confirmée par les commissaires de l’UCI après de longues minutes de doute. Le Belge en profite pour revenir à hauteur de Victor Lafay, qui conserve toutefois le maillot vert pris ce dimanche. N’ayant pas pris de risques, Adam Yates s’assure de passer une nouvelle journée en jaune alors que le peloton s’attend à un nouveau sprint massif ce mardi au Circuit Paul-Armagnac de Nogaro.