Dans le même temps, il y a l’enjeu de convaincre ces entreprises de rester sur le territoire français, n’est-ce pas ?
J.N. : Oui, il faut rappeler que nous avons un terrain magnifique pour entreprendre en France, des réseaux de financement régionaux très dynamiques et des dispositifs publics très robustes. Nous disposons d’un écosystème fertile pour l’entrepreneuriat, notamment pour les start- up industrielles et les deep tech. C’est important que nos talents restent en France pour mener cette nouvelle ère de ré industrialisation innovante et durable.
Mais entreprendre c’est avant tout une histoire de vie et beaucoup d’entrepreneurs, qui ont été séduits par des berceaux de l’innovation technologique telle que la Silicon Valley, reviennent en France car c’est tout simplement un pays où il fait bon vivre. Nos territoires sont très accueillants et mettent à disposition un solide réseau de soutien et d’accompagnement. Il y a évidemment toujours plus de capitaux disponibles aux États-Unis mais le financement de la french tech continue de se consolider. Il faut aussi de la pédagogie pour faire émerger des entrepreneurs qui font de la braise et non pas du feu, qui comprennent que le plus important est de se développer de manière saine et pérenne.
Notre objectif est de doubler le nombre d’entrepreneurs en France, faire en sorte que les 200 000 accompagnés à ce jour passent à 400 000. En France, sur le million de structures créées qui passent par nos réseaux d’accompagnement, 80 % d’entre elles ont des chances de réussir. Nous souhaitons donc que davantage de profils aient connaissance de ces réseaux afin de mieux vaincre la solitude de l’entrepreneur.
Quels sont les secteurs prometteurs que vous suivez de près ?
J.N. : Il y a déjà le secteur de l’industrie qui fait face à de grands enjeux de souveraineté et de transformation. La technologie occupe un rôle prépondérant notamment pour mieux optimiser les process et aider nos industries à basculer vers la transition environnementale. Le sujet de la santé monte aussi en puissance à mesure que le vieillissement global de la population s’accentue. Et là encore, la France a, par son histoire, une expertise pointue dans le domaine et elle peut compter sur son écosystème deep tech pour s’imposer.
Autre enjeu fondamental : la transition écologique et énergétique grâce à la technologie, l’intelligence artificielle, la décarbonation et la sobriété. À ce titre, Bpifrance a investi 40 milliards d’euros sur cinq ans avec le Plan Climat pour accompagner les PME et les ETI françaises dans leur transformation. BIG sera l’occasion de sensibiliser des milliers d’entreprises sur le sujet et nous pouvons compter sur notre communauté d’éclaireurs qui réunit plus de 200 PME et ETI qui ont déjà entamé leur transition. Enfin, il y a les entreprises culturelles et créatives qui contribuent aussi à notre fierté française : la French touch, mouvement de la création française reconnu dans le monde entier, qui regroupe des secteurs de premier plan tels que la mode, le design, la gastronomie, les jeux vidéo…, est une des priorités stratégiques de Bpifrance.
Le contexte géopolitique et inflationniste persiste et peut engendrer certaines inquiétudes chez les entrepreneurs… Quels conseils leur donneriez-vous pour faire preuve de résilience ?
J.N. : Il faut croire en l’avenir des entrepreneurs : depuis la crise sanitaire, je n’ai d’ailleurs jamais entendu de leur part qu’ils souhaitaient abandonner ou bien qu’ils avaient peur d’aller au bout de leurs ambitions. Mon conseil reste de bien s’entourer et nous avons la chance en France d’avoir un écosystème très riche pour trouver de l’aide. Il faut oser taper aux portes, continuer d’avoir la volonté d’être fier et garder cette envie d’aller plus loin à tout prix. Il faut aussi maintenir cet intérêt pour le collectif et faire preuve d’implication au service de la réussite des territoires.
KABDEL MEDIA