C’est sur Instagram, terrain de jeu des plus jeunes, que le grand public vous a retrouvée. Comment avez-vous réussi à capitaliser sur votre image ?
V.L. : J’ai beaucoup regardé l’Instagram de ma fille, Thylane Blondeau, j’ai pu observer de près sa communauté grandir. Aussi, j’ai cherché à comprendre pourquoi certains comptes, principalement à l’étranger, étaient plus populaires que d’autres. Et finalement, j’ai vu qu’il ne servait à rien de jouer un personnage mais que l’authenticité était la vraie raison du succès de ces influenceurs. Autour de moi, une expression revenait souvent pour me qualifier, celle de : « the girl next door ». Autrement dit, cette voisine de quartier à qui l’on peut s’identifier, qui vous ressemble. Quand j’ai démarré l’influence à 51 ans, je racontais simplement mon quotidien, partageant mes coups de cœur, mes adresses de prédilection, mes looks, mes humeurs. J’aime la vie, j’aime l’art de vivre, et j’ai réalisé qu’en France, on ne parlait pas à ces femmes de plus de 50 ans alors qu’il y a tant à leur raconter ! Portée par ces femmes, j’ai créé un espace bienveillant d’Insta Amies, terme que j’ai déposé, pour des conversations inspirantes. De fil en aiguille, ma communauté a grandi jusqu’à atteindre 200 000 followers.
Du virtuel au réel, à quel moment les marques ont compris votre pouvoir de prescription ?
V.L. : Un jour, j’ai sensibilisé ma communauté à la fermeture imminente d’un atelier artisanal, faute de ventes, en demandant de soutenir l’entreprise. La petite PME a reçu du jour au lendemain des dizaines de milliers de commandes, c’était fou ! Moi-même, je n’ai pas réalisé ce qu’il se passait. Ensuite, à chaque fois que je mettais en avant une marque qui me plaisait, cela générait un vrai impact sur les ventes. Beaucoup d’entreprises me contactaient pour collaborer en m’expliquant que ma communauté de 202 000 personnes affichait un taux de conversion plus important que certaines influenceuses agrégeant cinq millions de followers. À 50 ans, les femmes ont un pouvoir d’achat bien plus important que les jeunes, elles sont aussi moins dispersées et veulent plus de profondeur dans ce qu’on leur propose. Dans la mode, la maroquinerie ou les accessoires notamment, je m’implique dans la création des produits que je soutiens, dans le processus créatif des lignes. Il n’était pas question pour moi de promouvoir un produit dont je ne serais pas fière.
Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans cette nouvelle phase de votre vie ?
V.L. : De rendre ces femmes visibles, de leur redonner confiance en elles, de leur prouver qu’à 50 ans, tout est encore possible ! Quel bonheur de voir mes « Insta Amies » nouer des relations bien réelles en se rencontrant ! J’aime également pouvoir dire non en refusant les invitations des marques à des événements où j’estime ne pas avoir ma place. Cannes en est un bon exemple. Je ne comprends pas la surreprésentation des influenceuses à ce festival de cinéma alors qu’elles n’ont pas de film à défendre ! Je suis sincère, vraie et naturelle dans ma démarche.
« Fifties is the new chic », alors ?
V.L. : À partir de 50 ans, c’est le début d’une aventure encore plus vibrante ! Je dis toujours à ces femmes qu’elles sont vivantes, j’insiste sur ce terme. En tant que marraine de l’association Le Point rose, où je vois des enfants partir trop tôt, je leur répète doublement. C’est une chance de vieillir, cessons de croire que c’est une malédiction ! C’est un bonheur à savourer tous les jours. Vous savez, ma grand-mère a vécu jusqu’à 102 ans, elle était lumineuse ! Pourquoi ? Parce qu’elle avait conscience de cette chance.
KABDEL MEDIA