« 415-480-0000 ». Ce numéro de téléphone géant, inscrit sur plusieurs panneaux publicitaires de San Francisco, mène à une intelligence artificielle qui propose de travailler pour vous. Il est l’illustration d’une tendance grandissante dans la ville la plus high-tech du monde.
« Vous embauchez encore des humains ? » Cet étonnant message, les habitants de Downtown San Francisco le voient tous les jours.
Intelligemment positionné sur le parcours des bus qui se rendent dans la Silicon Valley, il laisse penser, au premier abord, qu’il s’agit d’une publicité pour recruter des ingénieurs en intelligence artificielle (des appels au recrutement, comme il y en a partout dans la baie de San Francisco). Le numéro de téléphone « 415-480-0000 », inscrit en géant, est devenu un sujet de conversation sur les réseaux sociaux, puisque tout le monde n’ose pas l’appeler.
De passage à San Francisco, Numerama s’est, lui aussi, demandé à quoi correspondait ce drôle de numéro. Nous l’avons appelé par curiosité… et nous avons été assez surpris.
Un robot qui remplace un humain : oserait-on faire cette pub en France ?
« Bonjour, à qui suis-je en train de parler ? » est la première chose que l’on entend quand on compose le 415-480-0000. C’est une voix féminine, en apparence humaine, qui est au bout du fil. « Hey, vous parlez à Nico », répond l’auteur de cet article. « Ravi de te rencontrer Nico, j’imagine que tu m’appelles car tu as vu la pub sur le billboard ? ». Jusque-là, tout semble normal.
Et puis, à l’étape d’après, notre interlocutrice révèle sa véritable nature d’intelligence artificielle. « Je pense que je devrais t’en dire un peu plus sur moi. Je peux être programmée pour faire de la vente, du service client ou n’importe quel type d’appel. Ça te semble intéressant Nico ? », explique l’IA de Bland.ai, l’entreprise qui se cache derrière cette expérience. Le concept est simple : Bland.ai veut convaincre les entreprises de remplacer les salariés de leurs centres d’appel pour sa voix presque humaine, capable de fouiller des bases de données pour répondre à des questions. Sociétalement catastrophique, mais technologiquement ambitieux.
Par curiosité, nous avons demandé à l’IA si elle parlait français, en nous faisant passer pour une boulangerie en quête d’une vendeuse de croissants. « Ah, vous voulez voir mes capacités multilingues, je parle français couramment. Regardez, je peux parler, bonjour, comment puis-je vous aider aujourd’hui, vous voulez commander un croissant ? Pas de problème » s’élance le robot, dans un français à l’accent très chaotique. On est loin de l’expérience en anglais, avec une voix qui a tout d’une vraie personne (à une exception près : le temps de réponse, de 4 à 5 secondes par question.
À San Francisco, l’IA est partout
À San Francisco, où la quasi-totalité des startups de l’IA sont concentrées (elles ne sont pas dans la Silicon Valley, mais directement dans la ville), ce type de publicité n’a rien d’anormal. L’intelligence artificielle s’affiche sur tous les murs, dans l’espoir de recruter des talents et de se faire connaître.
Au-delà du côté anecdotique de ce message, une pub incitant à remplacer des humains par un robot dans est assez représentative des différences culturelles entre San Francisco et le reste du monde. La Californie semble prête à embrasser le changement, quand la France se veut logiquement plus prudente et réticente. La pub de Bland.ai est-elle annonciatrice d’une transformation inévitable ? Ou est-elle juste une provocation d’une ville habituée aux excès numériques ?
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KABDEL MEDIA
