Cette question de la sobriété implique un débat sur la priorisation des usages. « Il faut à tout prix que les utilisateurs de l’aviation d’affaires prennent conscience de la nécessité de ralentir leurs déplacements », estime Gérard Feldzer, rappelant cependant que certains vols bénéficient d’une « exception », à l’image des vols humanitaires ou diplomatiques.
Des solutions technologiques au secours de l’aviation ?
Parmi les solutions envisagées pour réduire l’empreinte carbone des avions, on trouve pour le moyen-long terme l’avion à hydrogène, l’avion électrique ou encore les améliorations des recherches en aérodynamique (diminution des traînées dues à la résistance de l’air ou encore les ailes à géométrie variable pour optimiser les performances en fonction de la vitesse). Mais d’après Gérard Feldzer, le plus réaliste à court terme serait de généraliser le recours au fuel dit « SAF », « un kérosène issu de la biomasse, mais aussi d’un mélange d’hydrogène et de CO2 qui permet d’obtenir un vol à faible émission »*. « Le problème est que personne ne propose de SAF en quantité à ce jour et il est encore quatre à cinq fois plus cher que le kérosène classique, déplore Gérard Feldzer. Il faut que les compagnies d’aviation d’affaires prennent cet enjeu à bras-le-corps et créent elles-mêmes des filières de production. » L’expert ajoute que ce carburant de synthèse est compatible avec les moteurs actuels. Un message qu’il espère entendu par les propriétaires de jets privés.
Concernant l’avion électrique, Gérard Feldzer reste mitigé : « On nous promet l’avion hybride thermique-électrique d’ici 2035 chez Boeing, Airbus ou encore ATR avec jusqu’à 2 000 km d’autonomie pour 70 passagers. C’est faisable, mais on continuera de brûler du kérosène… Il faudrait plutôt trouver un moyen de recharger les batteries avec un moteur alimenté en SAF. »
Ainsi, si l’aviation d’affaires souhaite une réinvention « crédible » de son modèle, elle devra envisager la sobriété et oser se regarder dans le miroir et ne pas se reposer uniquement sur la technique pour préserver son modèle tel qu’il est. Rabelais nous a appris que « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
KABDEL MEDIA