Quels poissons chatouilleront les pieds d’Anne Hidalgo le 23 juin ? La maire de Paris a promis de se baigner dans la Seine fin juin, selon Le Parisien. L’objectif : montrer que le fleuve est suffisamment propre, à quelques jours des Jeux olympiques. Le président de la République Emmanuel Macron pourrait aussi être de la partie, lui qui a promis à plusieurs reprises qu’il s’y baignerait. Mais alors que les autorités se battent depuis des années pour assainir le fleuve parisien, quels poissons sont encore présents dans la Seine ?
Ces dernières années, le nombre d’espèces de poissons a considérablement augmenté. « On compte 36 espèces alors qu’il n’y en avait que 15 en 1990. Ça va de l’ablette, qui est la plus petite, au silure. On a le retour d’espèces disparues depuis 50 ans », se félicite Guillaume Ribein, directeur territorial adjoint des Voies Navigables de France (VNF), dans le bassin de la Seine. Pour ce dernier, il s’agit de la preuve de l’amélioration de la qualité du fleuve. « Le retour de poissons migrateurs est le meilleur indicateur de l’amélioration de la qualité de l’eau. »
À LIRE AUSSI JO 2024 : « On pourra se baigner dans la Seine », assure le préfet de ParisLeur présence était quasiment éteinte au XXe siècle à cause de la pollution causée par le rejet des eaux usées et les industries. Le retour est encore timide, mais semble se confirmer. Exemple de poissons migrateurs que l’on retrouve dans la Seine : le saumon, « mais en quantité très marginale ». Mais la prudence reste de mise, comme l’indique Éric Feunteun, professeur en écologie marine au Muséum national d’histoire naturelle : « Il nous manque certaines espèces migratrices comme la lamproie ou l’alose. » La faute, selon lui, aux nombreux barrages entre la mer et Paris. « Pour améliorer une biodiversité, il faut laisser le fleuve s’écouler et pulser. Mais avec les barrages et les constructions sur les bords de Seine, c’est compliqué, surtout dans un milieu très urbanisé. »
« La pollution dans la Seine a diminué de 75 % en 30 ans »
Alors pourquoi ces poissons sont de retour ? Guillaume Ribein met en exergue les importants travaux qui ont été réalisés : « Avant, toutes les eaux usées se déversaient dans la Seine. On a raccordé les bateaux stationnaires, construit des stations d’épuration et mis en place un vrai réseau d’assainissement. Ça a un effet direct sur la qualité de l’eau. » Mais pour Éric Feunteun, cela a des conséquences limitées : « Un fleuve est vivant et complexe, on ne peut pas juste mettre des filtres sur nos robinets. Et on a encore du mal à traiter toutes les eaux usées. »
L’objectif des pouvoirs publics : réduire la présence des bactéries coliformes que l’on retrouve dans les eaux usées. Résultat, « la pollution dans la Seine a diminué de 75 % en 30 ans ». Mais ces travaux ont un coût : 1,4 milliard d’euros ont été investis pour assainir la Seine. Il faut dire que la Seine partait de loin. « Dans les années 1940-1960, on avait un bouchon anoxique, c’est-à-dire un tronçon de la Seine sans oxygène. »
Parmi les poissons que l’on retrouve le plus dans le fleuve parisien, le gardon, la brème et la carpe. On retrouve aussi des brochets, des bouvières ou encore des chabots. « Aujourd’hui, il y a plus d’espèces introduites dans la Seine, comme la carpe, que d’espèces natives qui ont décliné », explique Éric Feunteun.
Alors, est-ce que l’un de ces trois poissons s’attaquera à Anne Hidalgo le 23 juin ? « Impossible », selon Guillaume Ribein. « Au pire, on risque de se faire chatouiller par un goujon, mais absolument rien de dangereux », rigole le directeur territorial adjoint des Voies Navigables de France. Même l’imposant silure, qui peut mesurer jusqu’à 2,5 m, n’est d’aucun danger pour l’homme. « En général, les poissons ont tendance à fuir les zones où les humains se baignent. » Aucun risque d’un scénario semblable aux Dents de la mer, donc.
Outre les poissons, les bords de Seine sont investis de plus en plus par des oiseaux de berge comme « le martin-pêcheur, qui se nourrit des poissons de la Seine ». Des oiseaux qui cohabitent avec les nombreux rongeurs que les Parisiens sont malheureusement habitués à observer. Ces derniers peuvent transporter des maladies, comme la leptospirose. Cela fait peur à certains athlètes. Selon le Guardian, les triathlètes britanniques se préparent à faire face à un niveau important de bactéries en consommant davantage de yaourts et de probiotiques.
KABDEL MEDIA