À trois mois de la fin de l’année 2023, les États-Unis ont déjà établi le record du plus grand nombre d’événements météorologiques ayant coûté des milliards de dollars en un an et, au niveau mondial, l’été le plus chaud jamais enregistré. Ce type de conditions météorologiques extrêmes joue un rôle important dans la volatilité du secteur du pétrole et du gaz, qui se traduit par des fluctuations importantes des prix, de l’offre et de la demande d’une heure à l’autre.
Bien qu’ils soient plus courts que les récessions, les phénomènes météorologiques ont des effets de très grande ampleur sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement en pétrole et en gaz.
Les ouragans
De nombreux phénomènes météorologiques peuvent affecter l’approvisionnement, des blizzards aux tempêtes de verglas en passant par les tornades et les inondations, mais ce sont les systèmes tropicaux qui ont le plus d’impact. Près de la moitié de la capacité totale des raffineries de pétrole et 51 % de la capacité totale des usines de traitement du gaz naturel aux États-Unis se trouvent le long de la côte du Golfe, selon l’Agence d’information sur l’énergie. Cette région est aussi historiquement sur la trajectoire de nombreuses tempêtes tropicales et d’ouragans. Ces tempêtes n’ont pas seulement un impact sur les opérations terrestres, mais aussi sur des centaines de kilomètres en mer, où des tempêtes extrêmes peuvent tout perturber, des routes maritimes aux plateformes de forage. Selon l’Agence d’information sur l’énergie, un ouragan « à fort impact » qui perturberait la production de brut du golfe du Mexique de 80 % pourrait entraîner une forte augmentation des prix de détail mensuels moyens de l’essence.
Cette année, l’ouragan Idalia a exercé une pression sur les opérations dans le Golfe : trois plateformes ont évacué leurs employés et les négociants ont observé l’imminence de la tempête qui a fait grimper les prix du pétrole dans les jours précédant son arrivée. Par le passé, d’autres tempêtes importantes ont affecté le secteur, notamment l’ouragan Zeta en 2021, qui a entraîné une baisse de 8 millions de barils des stocks régionaux de pétrole, ce qui a eu des répercussions sur l’ensemble de l’offre américaine. En réponse aux menaces croissantes de ces tempêtes extrêmes, de nombreuses raffineries ont renforcé leurs installations et pris des mesures pour réduire les inondations. Elles se sont également efforcées d’améliorer la communication entre les détaillants et les fournisseurs afin d’anticiper les perturbations, mais les tempêtes continuent d’avoir un impact sur la production.
Les températures extrêmes
À l’approche de l’automne, nous observons déjà des températures plus fraîches, ce qui constitue un soulagement après des mois de températures élevées et incessantes. Les températures extrêmes – chaudes ou froides – ont un impact significatif au-delà de la demande des consommateurs. Les raffineries, qui sont généralement conçues pour fonctionner entre 0 et 35 degrés Celsius, peuvent connaître des dysfonctionnements des équipements, réduire la capacité de production et créer des environnements de travail dangereux, ce qui peut retarder davantage les opérations dans des conditions de chaleur extrême.
Bien que les systèmes tropicaux soient généralement associés à des perturbations dans le secteur du pétrole et du gaz, les températures extrêmes peuvent entraîner des pertes de production plus importantes. Par exemple, en février 2021, les températures glaciales ont entraîné la fermeture d’une plus grande partie de la capacité des raffineries américaines que l’ouragan Harvey.
Le froid glacial provoqué par le vortex polaire de 2021 a rappelé avec force l’effet en cascade que des températures extrêmement basses ont sur l’industrie pétrolière et gazière. La tempête a provoqué le gel des têtes de puits et des pannes d’électricité qui ont affaibli les producteurs de gaz, entraînant une pénurie de gaz au moment où la demande augmentait. La pénurie de gaz, combinée au gel des unités de traitement, a entraîné des pannes individuelles et des fermetures complètes dans 25 raffineries du Texas, du Nouveau-Mexique, de l’Oklahoma, de la Louisiane et du Tennessee.
Les températures glaciales peuvent entraîner des dysfonctionnements susceptibles de nécessiter un arrêt, tels qu’une défaillance de l’équipement de contrôle du débit ou un produit gelé dans le système de tuyauterie. Il peut également créer une situation dangereuse lorsque le temps se réchauffe. Lorsque la température baisse, le liquide gèle dans la conduite et se dilate. Cette expansion peut provoquer des fissures dans le tuyau et, lorsque la température augmente, le tuyau commence à fuir, ce qui crée un risque potentiel d’incendie.
Et même si nous avons dépassé les températures extrêmes pour le moment, il est important de noter que les chaleurs extrêmes affectent la capacité d’une raffinerie à fonctionner à pleine capacité et peuvent limiter l’approvisionnement en électricité dont les raffineurs ont besoin pour mener à bien leurs activités.
Par exemple, cette année, le taux d’utilisation sur la côte du Golfe du Mexique a chuté en juin et en juillet, avec plusieurs pannes importantes dans la région en juillet et en août.
L’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes
Alors que la plupart des recherches indiquent que les phénomènes météorologiques extrêmes augmentent en fréquence et en intensité, l’industrie pétrolière et gazière améliore déjà sa préparation et sa réponse. L’introduction de nouvelles normes, de nouveaux processus et d’équipements renforcés indique que l’industrie se prépare à l’impact des conditions météorologiques actuelles et aux changements climatiques futurs.
L’un des domaines où la résilience peut être renforcée est l’utilisation d’informations météorologiques intégrées en temps réel. Qu’il s’agisse d’optimiser les routes maritimes pour les navires transportant du gaz naturel et du pétrole, de protéger les employés sur les plateformes offshore ou de planifier de manière proactive les événements météorologiques inévitables, les informations météorologiques peuvent améliorer l’efficacité et favoriser la sécurité des opérations. En outre, lorsque ces informations météorologiques, telles que les régions, les terminaux et les raffineries susceptibles d’être touchés, sont associées aux données relatives à la demande de carburant, les acteurs de la chaîne d’approvisionnement peuvent planifier à l’avance et prendre des décisions stratégiques en matière d’approvisionnement, de tarification et d’achat.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Jim Forester
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