Sam Altman pourrait ne jamais rejoindre Microsoft

En annonçant qu’il allait embaucher Sam Altman et Greg Brockman, Microsoft a-t-il réalisé le coup du siècle ? Pour beaucoup, cette annonce de Satya Nadella est équivalente à un rachat d’OpenAI pour 0 dollar. La menace des 700 employés d’OpenAI, qui indiquent être prêts à rejoindre Microsoft, amplifie cette impression. Microsoft pourrait absorber OpenAI sans rien débourser. Une prouesse, alors que l’entreprise était valorisée autour des 90 milliards de dollars il y a quelques jours.

Tout cet emballement n’est-il pas exagéré ? Comme l’ont remarqué plusieurs salariés de Microsoft le 20 novembre, Sam Altman n’a pas été ajouté au registre des employés du groupe. Pourquoi ? Parce qu’il ne l’est pas encore. Pire, les négociations se poursuivraient toujours avec le conseil d’administration d’OpenAI, en vue d’un éventuel retour de Sam Altman (après celui avorté le 19 novembre). L’avenir de Sam Altman est encore en suspens, tandis que Microsoft n’a pas vraiment de plan.

Microsoft peut-il vraiment embaucher tout OpenAI ?

Sam Altman va-t-il venir chez Microsoft ? Interrogé par Bloomberg TV le 20 novembre, Satya Nadella s’est montré assez mystérieux : « peu importe où il sera, il travaillera avec Microsoft ». Le CEO de Microsoft fait référence au partenariat unique qui lie OpenAI à son entreprise, puisqu’il possède 49 % de ses actifs grâce à un investissement d’une dizaine de milliards de dollars. OpenAI s’est engagé à travailler avec Microsoft à vie, comme l’a prouvé l’intégration de GPT-4 à Bing ou Windows récemment, avec la technologie Copilot.

Avec cet élément en tête, on peut donc se poser la question suivante : Microsoft a-t-il réellement des choses à gagner en récupérant tous les employés d’OpenAI chez lui ? Les 10 milliards investis chez OpenAI ne sont pas remboursables, ce qui l’obligerait à continuer à travailler avec ce qu’il reste de l’entreprise. En ce qui concerne la masse salariale de 700 personnes, dont Sam Altman, elle risque de peser fort sur ses comptes. S’ajoute à ça toutes les exigences techniques d’une boîte comme OpenAI… Grosso modo, un OpenAI absorbé par Microsoft pourrait coûter plus cher qu’un OpenAI en partenariat quasi-exclusif avec Microsoft. Rajoutons qu’à un pourcent près, Microsoft pourrait un jour devenir l’actionnaire majoritaire du groupe.

Que va-t-il se passer ? Dans leur lettre, les employés d’OpenAI exigent la démission du conseil d’administration et le retour de Sam Altman et des autres exilés. Un scénario qui conviendrait parfaitement à Microsoft, puisqu’il lui permettrait de retrouver le OpenAI qu’il a financé début 2023. Dans ce scénario, Microsoft pourrait d’ailleurs prendre une place dans le nouveau conseil d’administration, en tant qu’allié de Sam Altman. Dans tous les cas, Microsoft serait donc gagnant.

Reste désormais à trouver une issue pour le conseil d’administration d’OpenAI, alors qu’au moins un de ses membres a avoué regretter son choix (et qu’un autre est accusé de s’être vengé de Sam Altman). Le nouveau patron Emmett Shear a déjà perdu son autorité, puisque ses employés ont refusé de l’écouter lors de son discours de présentation. Tout va dans le sens d’un énième chamboulement.

Pourquoi Satya Nadella a-t-il annoncé qu’il allait embaucher Sam Altman, s’il savait depuis le début qu’il n’allait pas le faire ? Le patron de Microsoft a agi dans l’intérêt financier de son entreprise, à quelques heures de l’ouverture de Wall Street. Avec cette annonce, il a rassuré les investisseurs, qui ont fait monter Microsoft à un niveau historique. Sans communication, le flou aurait pu lui faire perdre des milliards de dollars. Satya Nadella est un chef d’orchestre qui, dans tous les cas, finira bel et bien par travailler avec Sam Altman. Chez OpenAI ou chez Microsoft, comme il s’y est engagé.

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