Etonnant contraste sur les quais du Monaco Yacht Show entre les yachts somptueux ancrés dans le Port Hercule et la première version aboutie du SP 80 mis au point pour établir un nouveau record de vitesse sur l’eau : 80 miles, d’où le nom du projet. Seuls points commun : la Méditerranée et Richard Mille, toujours prêt à soutenir des sportifs engagés.
On connaît l’implication de Richard Mille avec les sportifs, notamment dans l’automobile quand le premier partenariat a été conclu en 2001 avec Sébastien Loeb, neuf fois Champion du Monde des Rallyes, en 2005 avec Felipe Massa, pilote de F1, puis avec Charles Leclerc, le pilote monégasque, et plus récemment Lilou Wadoux, première femme pilote officielle pour Ferrari dans le programme Competizioni GT et qui avait été remarquée dans le championnat du monde d’endurance FIA 2022 alors qu’elle faisait partie du Richard Mille Racing Team ; avant de s’intéresser à d’autres sports, comme le tennis avec Rafael Nadal (2010), si bien qu’aujourd’hui on compte une quarantaine de partenariats, hommes et femmes confondus, toujours dans le sport individuel : athlétisme, ski alpin, golf, polo, biathlon…
Pour Tim Malachard, directeur du Marketing chez Richard Mille, « le choix se porte uniquement sur des sportifs de haut niveau qui peuvent –et doivent- porter une montre Richard Mille pendant la pratique de leur sport. Ce qui était le cas au début de la F1 et ne l’est plus aujourd’hui précise-t-il, même si les partenariats continuent. « Pour la marque dit-il encore, le sport est un tremplin pour des tests « réels ». Fiabilité, durabilité, technicité, une montre doit vivre ! »
En ce qui concerne le projet SP 80, Richard Mille est entré en scène en 2021 alors que les trois jeunes sportifs et en même temps ingénieurs qui l’ont initié ont commencé à travailler sur leur projet en 2018.
SP80 Le bateau qui vise le record du monde de vitesse à la voile
80 nœuds, c’est 148 km/h. Sur l’eau, c’est phénoménal. Surtout en étant propulsé uniquement par le vent. Le précédent record du monde est toujours détenu par l’Australien Paul Larsen qui, à bord du Vestas Sailrocket 2, a dépassé les 65 nœuds (121 km/h) sur 500m . C’était en 2012 et déjà une sacrée performance. Les trois jeunes hommes –la moyenne d’âge de l’équipe est de 24 ans- qui ont entrepris ce challenge en 2018 : Benoît Gaudiot, Xavier Lepercq et Mayeul van den Broek, se sont connus sur les bancs de l’EPFL : l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, qui d’ailleurs les soutient aujourd’hui. Ces trois passionnés de voile et de vitesse, passent le plus clair de leur temps libre sur l’eau – compétitions de kite, raids en catamaran de sport ou encore traversées océaniques – ou à réfléchir à des innovations techniques pour améliorer leur sport. On devrait plutôt dire « passait » car depuis 2018, année qui marque le début de leur projet, jusqu’à aujourd’hui, la technique a pris le pas sur le sport, pendant que l’équipe grossissait pour atteindre 45 personnes cinq ans plus tard. On comprend mieux avec ces chiffres que le projet global dépasse les 5 millions d’Euros.
Pourtant, nos trois ingénieurs « voileux » commencent à voir le fruit de leur travail prendre forme. Les premiers essais se sont d’ailleurs déroulés il y a quelques mois sur le plan d’eau du Lac Léman, en Suisse, là où située leur entreprise.
L’engin, plus une fusée navale qu’un voilier, est impressionnant avec ses 10 m de long, 7 de large et seulement 150 kilos (la structure est en carbone TPT, comme les montres Richard Mille !). Le poste de « pilotage » accueille deux personnes : le pilote (Mayeul) qui dirigera le Kite, son copilote (Benoit), qui veillera à la trajectoire, dans un espace qui n’est pas sans rappeler le cockpit des F1. La comparaison s’arrête là quand l’électronique est très peu présente dans ce SP 80. Cet habitacle réduit a également été renforcé avec du Kevlar pour résister à des accélérations allant jusqu’à 50G !
L’importance de la voile
A bateau hors normes, ailes de kite hors normes ! Et en 2021 les trois amis s’associent à Gin Kiteboarding, autre entreprise suisse, pour la conception d’ailes de kite sur mesure. « L’aile de kite est au moins aussi importante que notre bateau pour pulvériser ce record », déclare Mayeul van den Broek, co-fondateur de SP80. « C’est pourquoi le soutien de Gin dans le développement de nos ailes est fondamental. Travailler main dans la main avec une équipe qui possède les outils, la technologie et surtout l’envie de repousser les barrières du monde de la voile nous permet d’envisager sereinement nos premières navigations avec une aile de kite performante. » Dans les faits, il y aura plusieurs ailes de 20m² à 50m². Adaptées au bateau, ces ailes seront bien différentes des ailes de kite traditionnelles et demandent un énorme travail développement (tissus, bridages et lignes développés spécifiquement pour le record) pour prendre en compte les importantes charges qu’elles devront supporter à 80 nœuds.
Si les premiers essais ont eu lieu en août dernier, il faudra attendre début 2024, certainement au printemps, pour que la première tentative (La bonne ?) voie le jour. On sait déjà que ce sera vers Perpignan, un lieu très étudié pour sa configuration comme pour ses vents. En effet, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas nécessaire que le vent souffle trop fort. Si nous avons bien compris, 50 km/h serait l’idéal. En attendant les trois compères et leur équipe s’activent : ils ont hâte d’être à cette échéance. Nous aussi car leur enthousiasme est communicatif.
Le stand Richard Mille, qui nous accueillait sur le Monaco Yacht Show, était lui aussi un endroit idéal pour nous présenter son catalogue et sa dernière production : la RM 07-01 Céramiques de couleurs. Dans l’univers déjà coloré du célèbre facturier, voici une célébration audacieuse de la couleur inspirée par l’été et par le Groupe Memphis, mouvement d’art et d’architecture post-moderne né en Italie dans les années 1980. Boîtiers en céramique TZP légère et guillochage à la main. Trois teintes pastel disponibles : rose blush, lavande et bleu poudré. 185 000 €. Encore et toujours une belle mécanique de précision !
Cet article a été écrit par : Bernard Van de Kerckhove
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