Dans cette tribune exclusive pour Forbes France, Laurent Degré, directeur général de Cisco France, défend l’intérêt urgent d’attirer davantage de talents vers les métiers de la cybersécurité pour mieux nous défendre contre les cybermenaces. Un secteur qui devra doubler ses effectifs d’ici 2025, notamment grâce à une sensibilisation aux enjeux cyber dès le plus jeune âge.
L’industrie de la cybersécurité est, en France, dans une situation contradictoire. D’un côté, nous assistons à une augmentation sans précédent des cyber-menaces, exposant citoyens et entreprises à des risques majeurs. De l’autre, le secteur peine à recruter les talents nécessaires pour lutter efficacement. Ce constat, souligné par Bruno Le Maire lors de l’annonce du plan de cybersécurité d’un milliard d’euros, illustre l’urgence de la situation : la cybersécurité est devenue un des enjeux majeurs du 21ème siècle, et si nous ne parvenons pas à protéger les frontières du web, les cyberattaques risquent de continuer leur percée.
Travailler à la sensibilisation aux métiers du numérique dès le plus jeune âge, main dans la main avec les établissements de formation, et faciliter les recrutements sont des pré-requis pour créer un avenir numérique sécurisé. Car quel sera le prix à payer dans 10 ans, alors qu’en 2022 le coût des cyberattaques a été évalué à deux milliards d’euros en France ?
Sensibiliser aux enjeux de la cybersécurité dès le plus jeune âge
Les chiffres sont éloquents : le plan France Relance vise, entre autres, à doubler les effectifs de la filière d’ici 2025. Soit passer de 37 000 emplois à 75 000. Dans le même temps, 9 français sur 10 ont déjà été confrontés à un acte de cybermalveillance. Alors que ce secteur est en pleine croissance et que nous possédons des entreprises au savoir-faire reconnu à l’international, il apparaît nécessaire de faire preuve de pédagogie.
À commencer par les plus jeunes, auprès de qui une sensibilisation est essentielle. Remplacer la matière techno traditionnelle par une approche plus pragmatique – de la cybersécurité aux modèles massifs de langage (LLM) – pourrait susciter un intérêt précoce. Cette initiation aux concepts de base de la technologie et de la sécurité numérique établirait des fondations solides pour l’avenir.
Il y a aussi la question du genre : en même temps que sensibiliser les élèves aux métiers de la cyber et du numérique, c’est aussi déconstruire les préjugés. Le secteur informatique se caractérisant par un déséquilibre de genre notable, avec seulement 23 % des rôles occupés par des femmes.Or, la diversité est un moteur d’innovation reconnu.
Donner ses lettres de noblesse à une filière inclusive et riche d’opportunités
Dans le domaine de la cybersécurité, les trajectoires éducatives sont souvent perçues comme complexes et indéfinies, tandis que la profession elle-même reste méconnue. Ces perceptions créent des obstacles à l’entrée dans ces carrières. Ainsi, il est crucial de revitaliser les programmes d’enseignement en cybersécurité dans les écoles d’ingénieurs. Cela implique de renforcer l’attrait des entreprises du secteur : se rendre visible, montrer des résultats concrets et leur impact sur la société… Il est essentiel de communiquer sur le fait que les cybermenaces peuvent avoir des conséquences graves, comme compromettre la vie d’un patient en empêchant l’accès à son dossier médical ou paralyser les services publics fournis par une collectivité.
Par ailleurs, il y a peu de domaines où l’on peut trouver des opportunités de carrière prometteuses et épanouissantes sans nécessiter un niveau d’études élevé. Le secteur du numérique se démarque par son inclusivité, offrant des réponses aux défis de l’emploi et permettant à tous d’accéder à des perspectives de succès, avec à la clé des emplois stables et correctement rémunérés.
Appelons à une mobilisation des partenaires dans les secteurs de l’emploi, de l’éducation et de l’apprentissage. Il est nécessaire de s’impliquer dans la formation des professionnels de demain.
Le défi de la pénurie de talents n’est pas si immense à relever. Mais il faut agir maintenant. L’héritage laissé par les Jeux Olympiques, et ce que nous déployons pour faire de ce moment un événement sans fausse note, doit aider à positionner la France du 21ème Siècle comme un leader en la matière face aux guerres numériques.
Tribune signée Laurent Degré, directeur général de Cisco France
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