Pour le centenaire de son édition, la Coupe du monde 2030 se déroulera en Espagne, au Portugal et au Maroc. De plus, les matchs d’ouverture auront lieu, quant à eux, en Argentine, en Uruguay et au Paraguay.
Pour espérer gagner une Coupe du monde, il ne faut pas seulement battre ses adversaires. Il faut également affronter le climat et les conditions du pays hôte. Les matchs joués en altitude, sous des températures élevées ou sur des sites très éloignés les uns des autres peuvent faire la différence pour la victoire finale. Ainsi, lors de la Coupe du monde 2014, un match à Manaus, au cœur du bassin amazonien au climat chaud et humide, a épuisé les joueurs de l’Angleterre et de l’Italie et a été en partie responsable de l’élimination des deux pays en phase de groupe.
Nombre de ces défis sont simplement dus à la diversité de notre planète. Cependant, pour la Coupe du monde 2030, la FIFA a faussé la donne pour des raisons politiques. Pour les cent ans de la compétition, la FIFA a désigné l’Espagne, le Portugal et le Maroc comme pays hôtes. Par ailleurs, les trois premiers matchs se dérouleront de l’autre côté de l’océan, en Amérique du Sud.
L’Uruguay, le Paraguay et l’Argentine s’étaient portés candidats à l’organisation de la compétition de 2030. L’un des principaux arguments de leur candidature étant que la première Coupe du monde ayant eu lieu en Uruguay, cela constituerait un joli clin d’œil si la compétition était organisée dans ce pays pour ses 100 ans.
Dans un élan de diplomatie sportive, la majeure partie du tournoi se déroulera désormais en Europe et en Afrique du Nord, les trois premiers matchs étant joués en Uruguay, au Paraguay et en Argentine pour célébrer le centenaire. Cette solution tente de satisfaire tout le monde (notamment l’Arabie saoudite, qui semble désormais avoir le champ libre pour sa candidature à l’organisation de la Coupe du monde 2034), mais ne satisfait en réalité personne.
Alors que les supporters devront ajouter le coût d’un billet transatlantique A/R à leurs dépenses, Gianni Infantinoaffirme que la Coupe du monde 2030 « aura une empreinte mondiale unique ». Cependant, il semble que le président de la FIFA n’a pas pris en compte l’empreinte carbone du tournoi. La décision d’organiser les trois premiers matchs en Amérique du Sud pourrait également avoir un impact sur l’intégrité sportive du tournoi.
Buenos Aires se trouve à plus de 10 000 kilomètres, soit 12 heures de vol, de Madrid. C’est plus du double de la distance qui sépare les villes hôtes de 2026, Vancouver et Miami, et plus de trois fois la distance qui sépare les deux villes les plus éloignées de Russie lors de l’édition 2018.
Alors que l’Espagne et le Maroc pourraient être en pleine canicule pendant la Coupe du monde, ce sera l’hiver à Buenos Aires, avec une température moyenne journalière de 12 °C en juin, et il y a six heures de décalage horaire entre le Paraguay et l’Espagne.
Les conséquences des déplacements sur les performances ont été mises en évidence lors de l’Euro 2020, qui s’est déroulé dans toute l’Europe et qui présentait d’énormes disparités entre les distances parcourues, certains pays pouvant voyager plus de dix fois plus loin que d’autres. De toutes les équipes qui ont atteint les phases à élimination directe, les deux finalistes, l’Angleterre et l’Italie, ont parcouru la distance totale la plus courte entre leur premier match et la finale. Le Danemark, demi-finaliste, a parcouru la deuxième distance la plus courte jusqu’aux huitièmes de finale, où le pays s’est imposé 4-0 contre le Pays de Galles, qui avait la cinquième distance la plus longue à ce stade. L’autre demi-finaliste, l’Espagne, a parcouru la cinquième distance la plus courte avant la finale. Les deux perdants des demi-finales ont eu des trajets beaucoup plus longs pour se rendre à Londres depuis Bakou et Saint-Pétersbourg, avec un décalage de trois jours entre les quarts et les demi-finales. La corrélation n’est peut-être pas synonyme de causalité, mais il y a certainement une forme de lien entre les distances parcourues et les résultats obtenus lors de l’Euro 2020.
Surmonter les conditions locales fait partie des tournois de football. Dès la Coupe du monde de Mexico en 1986, l’équipe d’Angleterre s’est entraînée dans des hammams en altitude dans le Colorado pour essayer de se préparer à l’altitude de Mexico et à la chaleur extrême de Monterrey.
Cependant, selon le calendrier des rencontres, six équipes de la Coupe du monde 2030 pourraient avoir à parcourir 16 000 kilomètres de plus que leurs prochains adversaires. Elles devront également trouver deux camps de base, ce qui perturbera leur préparation du tournoi.
Tous ces facteurs peuvent faire la différence entre une victoire ou une défaite.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Steve Price
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